La croissance de la France se situe à 1% au premier trimestre 2011, ce qui est une très bonne nouvelle pour le gouvernement, dont la prévision budgétaire, basée sur une croissance à 2% très critiquée, semble aujourd’hui presque pessimiste. Par contre, une fois de plus, les prévisionnistes de l’INSEE se sont lourdement trompés.
Les résultats de ce premier trimestre se situent à un niveau élevé, mais ils sont à relativiser. Ils s’expliquent en partie par des événements (notamment grèves dans les raffineries) qui avaient perturbé le trimestre précédent et conduit à seulement +0.3% au quatrième trimestre 2010. Une rectification à 0,5% au quatrième trimestre 2010 et à 0,8% au premier trimestre 2011 représenterai sans doute mieux la réalité de la dynamique économique. Je n’ai pas réussi à retrouver le document, mais il me semble que la prévision à 0,8% faite par la Banque de France le 8 février se basait sur une valeur sur estimée pour le 4ème trimestre ;
On peut se demander cependant comment il se fait que l’INSEE ait publié des prévisions à +0.6% en mars (certes en augmentation par rapport à sa prévision initiale de 0.3%), alors que la Banque de France avait publié des prévisions plus élevées un mois avant et que tous les autres indicateurs (climat des affaires ou enquête dans l’industrie) étaient au beau fixe. Dans son graphique des risques, l’INSEE mettait sa prévision dans une fourchette de 0,2% et 1%. Certes, on est dans la fourchette…
Une première explication de ces erreurs est qu’on est dans une période de changement (en l’occurrence une accélération de la croissance) et que les modèles de prévision les mesurent mal.
En Europe, la croissance est de 0,8% avec notamment un bond de +1,5% de la part de l’Allemagne. Ce n’est guère surprenant : la croissance a été tirée en France par l’industrie qui a fait +3.4%. S’il s’est passé la même chose en Allemagne, pays où le poids de l’industrie est plus fort que chez nous, il est normal que la croissance soit plus vive là bas, comme la crise y a été plus forte il y a trois ans.
Est-ce que cela va continuer ? D’après les médias, les économistes ne le pensent pas. L’INSEE prévoit une croissance de 0.4% pour le deuxième trimestre, la Banque de France est un peu plus optimiste à 0.5%
Si on regarde de près ce qui s’est passé au premier trimestre, on note que la hausse des stocks a beaucoup contribué à la croissance(elle en explique 0.7%), ce qui bien sûr ne peut se renouveler longtemps. Il faut noter dans les signes positifs, l’indicateur de climat des affaires, passé de 106 en janvier à 108 en mars et 109 en avril, et les déclarations des chefs d’entreprise pour une augmentation de 15% de l’investissement cette année, ce qui est cohérent avec un taux d’utilisation des capacités de production en vive hausse.
Les économistes retiennent surtout les éléments défavorables : hausse de l’inflation, prix du pétrole élevé, dollar en baisse et euro élevé, menace monétaire en Grèce ou au Portugal. Mais là où les éléments d’incertitude pousseraient à faire une fourchette de prévision large, ils jugent que l’incertitude est défavorable comme souvent à la croissance et voient donc une croissance modérée.
Bien entendu, la question majeure est celle de la conjoncture internationale. L’INSEE prévoit un affaiblissement : on verra bien. Pour ma part et une fois de plus, j’estime que les économistes sont trop pessimistes, que les facteurs de retard de croissance accumulés depuis trois ans vont se traduire par une croissance plus forte que prévu en 2011 et en 2012. J'ai pour moi de m'être moins souvent trompé ces derniers temps que l'INSEE, à la hausse comme à la baisse.
Une croissance plus forte, c’est plus d’emplois et un déficit public qui baisse : le 1% du premier trimestre rend la prévision gouvernementale de 2% nettement plus probable qu’il y a 6 mois. Ce n’est pas énorme, mais c’est toujours cela de pris, avec une possibilité non négligeable que ce premier trimestre soit le début d’une vraie reprise. Mais je reconnais que c’est mon coté optimiste.
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