L’économie française va-t-elle se décider à repartir vivement à la hausse, pour compenser le recul enregistré lors de la crise, comme l’Allemagne l’a fait l’an dernier ? Lentement, mais sûrement, des indicateurs passent au vert, ce qui n’empêche pas les pessimistes de s’exprimer
La croissance économique de la France s’est située en 2010 autour de 1.6%.. Cela signifie un recul par rapport à la moyenne du taux de croissance à long terme, si tant est que celui-ci soit bien de 2% environ. Le retard accumulé en 2008 (le PIB avait augmenté de 0.8%) et surtout en 2009 (avec un recul de 2.5%) ne se résorbe pas. Si la tendance à long terme se situe à 2%, le retard accumulé en 3 ans est de 6.1%, ce qui se traduit par exemple par de nombreuses capacités de production encore inutilisées.
Dans sa dernière note de conjoncture, l’INSEE prévoyait que « La croissance serait ensuite de 0,3 % au premier trimestre puis de 0,4 %au deuxième trimestre 2011. Sur l'ensemble de la prévision, l'économie française se maintiendrait ainsi sur la tendance modérée qu'elle connaît depuis la sortie de récession.
Depuis la sortie de crise début 2009, les prévisionnistes craignent qu’après un début de reprise, l’économie mondiale rechute, selon un scénario qui a été celui des années 91/93/95 pour la France (et sans doute l’ensemble des économies européennes) avant la véritable reprise en 1997. L’indice du climat des affaires était passé d’un point bas à 88 en février 1991 à 95 en septembre 1991, puis à 77 en mars et juin 1993, puis à 109 en 1995 mais était retombé ensuite 89 fin 95 avant de repartir à la hausse.
Dans ces prévisions, l’INSEE annonce donc une importante incertitude sur ses prévisions. Ainsi, dans sa note de décembre, elle prévoit pour le 4ème trimestre 2010 (trimestre déjà donc bien entamé) une croissance de 0.5%, avec 50 % de chances de se trouver entre 0.3% et 0.7%, et donc autant de chances de se trouver en dehors de cette fourchette pourtant relativement large pour un trimestre déjà entamé !
Il est vrai que l’INSEE s’est lourdement trompée au moment de la crise, la prévision étant extrêmement difficile en période de retournement.
Si l’on observe l’évolution récente de l’indice de climat des affaires, on constate une hausse depuis le point extrêmement bas (71) atteint en mars 2009, avec un indicateur qui se situe au dessus de sa moyenne de longue période depuis septembre 2010, et se trouve en janvier 2011 à 106, soit 14 points de plus qu’un an auparavant.
Normalement, on devrait en déduire que la croissance va s’accélérer, et qu’elle devrait même être demain plus rapide qu’en moyenne. Cependant cet indicateur étant plus élevé pour l’industrie et plus faible pour la construction, la prévision doit tenir compte plus que jamais des évolutions extérieures.
Justement, l’INSEE a intitulé « Vents d’Ouest » sa note de conjoncture d’octobre 2010, pour souligner l’influence de l’évolution américaine dont elle notait dans sa synthèse que « Aux États-Unis, le ralentissement économique s’annonce prononcé » et plus loin « La faiblesse de l’économie américaine constitue l’aléa le plus important de notre scénario.
Or le FMI vient de revoir à la hausse ses prévisions de croissance pour l’économie américaine. Et pas qu’un peu, puisqu’elle passe de 2.3% à 3% pour 2011. Dans le même temps, le FMI conserve sa prévision de 1.6% pour la France et fait passer de 2 à 2.2% sa prévision pour l’Allemagne, dont on connaît la forte sensibilité aux exportations.
Le FMI considère avec sévérité que "la relance qui vient d’être engagée (aux USA) ne devrait produire qu’un dividende de croissance relativement faible (étant donné son ampleur) pour un coût budgétaire considérable".
Les pessimistes souligneront à juste titre que les déséquilibres, notamment entre la Chine et les USA) n’ont pas été traités, ce qui continue à menacer l’économie mondiale. Ils noteront également que la dynamique des pays émergents.
Le Monde nous explique dans le numéro daté de ce jour que Bercy prépare pour avril l’annonce d’une baisse de a prévision pour 2012. Vu le niveau d’incertitude à quelques mois, une telle propagation de rumeur autour de ce qu’i n’est probablement qu’un scénario parmi tant d’autres est en fait risible !
En réalité, les scénarios noirs ou roses sont plus probables que le scénario de croissance modéré qui est pour l’instant celui des prévisions et aussi celui qui se déroule de fait. La raison est que devant une telle incertitude les décideurs hésitent et repoussent les choix., contribuant par leur comportement collectif à cette reprise lente.
Un contact professionnel travaillant le plus souvent aux USA me disait il y a quelques jours que les entreprises ont pour 600 milliards de dollars de cash dans leur caisses, disponibles notamment pour des fusions acquisitions.
Quand les décideurs économiques auront le sentiment que les affaires reprennent et prendront des initiatives, la croissance deviendra rapidement vive. Il est sur qu’on s’en approche actuellement, mais le mouvement peut être interrompu par une crise de paiement ici ou là.
Une accélération notable de la croissance dans quelques mois est un scénario largement plausible. Mais pas certain !
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