Pour la deuxième fois en 3 ans, j’ai fait dans mes articles des prévisions sur la conjoncture, et dans les deux cas j’ai été nettement plus proche de la réalité finale que l’INSEE qui s’est lourdement trompée. Les deux exemples sont l’occasion de découvrir la manière dont les réactions des acteurs économiques impactent l’évolution de l’économie.
La raison d’être de ce blog n’est pas de faire des prévisions économiques, et l’économie n’est qu’un de mes sujets d’articles parmi d’autres. Il se trouve que par deux fois, au 4ème trimestre 2008 et au premier trimestre 2011, j’ai écrit des articles (deux à chaque fois) pour noter qu’il y avait un changement important en cours dans l’économie . Ces articles concernaient donc des événements en train de se produire. Dans les deux cas, l’INSEE a produit une note de conjoncture après la publication de mes articles (en 2008 le 11 décembre alors que ma note est du 22 novembre, en 2011 le 31 mars alors que mes notes sont du 29 janvier et du 13 février). La Banque de France avait fait entre-temps des prévisions plus proches de la réalité finale. Dans les deux cas, mon deuxième article est une réaction à la note de la Banque de France
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INSEE première estimation |
Verel Premier article |
Banque de France |
Verel deuxième article |
INSEE deuxième estimation |
Résultat final |
2008 : date |
22/11/08 |
12/12/08 |
14/12/08 |
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2008 : montant |
-0.1% |
-0.7% |
- 0.8% |
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2011 : date |
29/01/11 |
13 / 02/ 11 |
13/05/11 |
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2011 : montant |
+0.3% |
Accélération notable |
+ 0.8% |
+0.6% |
+1% |
En 2008, ce sont les programmes de chômage technique dans l’automobile qui m’avaient fait prévoir un recul important du PIB. J’avais estimé l’impact de cette seule branche à un recul de 0.6 à 0,8% et estimé que le reste de l’industrie serait également en récession.
En 2011, c’est le changement de prévision aux USA qui me fait m’interroger sur l’arrivée enfin de la forte reprise que j’attends, du fait du retard accumulé depuis 3 ans. Je note que l’indice de climat des affaires a atteint un niveau élevé, mais que cela avait déjà été le cas en 1195, de manière non durable. Le facteur favorable, c’est ce passage de 2.3% à 3% de la prévision annuelle pour 2011 aux USA, passage qui représente une rupture. La prévision de la BDF quelques jours plus tard me parait aller exactement dans le même sens, et je supprime donc le point d’interrogation de mon titre.
Pourquoi l’INSEE, dont la deuxième estimation a lieu à un moment où le trimestre est presque voir déjà terminé, se trompe à ce point ? Entre les deux estimations, il y a pourtant un écart notable, puisqu’en 2008 elle est passée de –01% à –0.7% et en 2011 de +0.3% à +0,6%.
Il faut noter l’importance de la variation des stocks qui explique plus de la moitié du résultat pour chacun des deux trimestres considérés : -0.9 sur –1.4% en 2008 et +0.7% sur +1% en 2011. En 2008, c’est d’ailleurs la réduction des stocks réalisés dans l’automobile au prix de semaines de chômage technique qui a provoqué mon article.
A lire les notes de conjoncture de l’INSEE, il semble que les prévisionnistes basent leur travail sur un certain nombre d’événements macro économiques, comme la hausse du dollar ou du pétrole, la reprise de l’inflation. Cette méthode est sans doute efficace en temps normal. Mais en période de rupture, ce sont les comportements des acteurs qui font la différence : des acteurs industriels qui décident de diminuer ou augmenter fortement leurs stocks, des ménages qui modifient fortement leur taux d’épargne.
La Banque de France, qui réalise les enquêtes auprès des industriels est sans doute plus sensible aux comportements des acteurs, ce qui pourrait expliquer que ses prévisions sont un peu meilleures (du moins cette fois, car ce n’était pas le cas en 2008)
Bien entendu, le système bancaire joue un rôle important sur tout cela, ce qui justifie qu’on ait fait tout pour le sauver en 2008 : c’est parce qu’il durcit ses conditions de paiement que les entreprises réduisent leurs stocks. Mais c’est parce qu’elles ont maintenant les outils pour le faire que les entreprises le font rapidement
Observateur de la vie économique depuis plusieurs décennies, il m’a semblé que depuis les années 70, les entreprises françaises ont beaucoup gagné en souplesse et en capacité d’adaptation. J’en ai retenu l’idée que les évolutions de l’économie, à la hausse ou à la baisse, sont plus fortes qu’il y a 30 ou 40 ans. Je suis à chaque fois persuadé que l’ampleur de la récession ou de la reprise va être sous estimée. C’est une des raisons qui me fait penser que cette fois encore, les économistes sous estiment la croissance de 2011
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