Rebond imprévu

            Alors que certains doutaient que le PIB puisse se remettre à croître au 4ème trimestre 2009 comme l’INSEE le pensait possible, on apprend en ce mois d’août que le deuxième trimestre de cette année a vu une progression du PIB français de 0.3%.. L’analyse des derniers résultats confirme bien sûr que les prévisionnistes se trompent lourdement ces derniers temps, mais donne aussi d’autres indications intéressantes.

            La prévision était une nouvelle fois fausse. Dans sa note de conjoncture de juin 2009, l’INSEE attendait pour le trimestre alors en train de se terminer un recul du PIB qu’elle chiffrait à 0.6%. L’écart avec la réalité est évidemment énorme, en plus du fait que l’évolution ne va pas dans le sens prévue, puisqu’elle est positive  au lieu d’être négative. On rappellera que le même institut prévoyait en décembre 2008 un recul de l’activité pour le 4^ème trimestre 2008 limité à 0.8% me faisant douter de ma prévision antérieure d’un recul de 1%, avant que les résultats montrent que j’étais plus près de la vérité que l’INSEE, puisqu’au final le recul fut de 1.4%. Dans la même note de décembre, l’INSEE prévoyait pour le premier trimestre 2009 un recul de 0.4%, contre un résultat final en recul de 1.3%.

            L’INSEE s’est donc trompé de 0.6% pour le 4^ème trimestre 2008, de 0.9% pour le premier trimestre 2009 et encore de 0.9% pour le deuxième trimestre, en précisant que l’erreur correspond à une sur estimation de PIB les deux premières fois et à une sous estimation la troisième fois. Les erreurs constatées les deux fois où la prévision est publiée alors que le trimestre se termine sont proprement ahurissantes.

            Il ne faudrait pas en conclure que les économistes de INSEE sont des imbéciles ou qu’ils nous mentent : tout simplement, leurs outils de prévisions, conçus pour des périodes normales, ne sont pas adaptés à la situation actuelle. On sait depuis longtemps qu’il n’est pas facile de prévoir en période de retournement, mais on atteint là des sommets ! Cela n’aide vraiment pas les décideurs à faire les bons choix, dans cette période d’incertitude maximale !

            Les stocks ont continué à fortement baisser. J’avoue que je n’imaginais pas qu’il soit possible de voir, comme cela a été le cas, une contribution de la variation des stocks à l’évolution du PIB de –0.6% au deuxième trimestre, après respectivement –0.4% et –0.7% lors des deux trimestres précédent. Au total, sur les quatre derniers trimestres, le recul cumulé de 2.6% du PIB, provient pour 1.7% de la variation des stocks, pour 0.1% du commerce extérieur (qui a très fortement rebondi au deuxième trimestre) et pour « seulement » 0.8% pour la demande intérieure finale hors stock. Comme je l’ai déjà dit, le mouvement de déstockage ne peut pas durer très longtemps à ce rythme. Il y a là des raisons de penser que les choses doivent s’améliorer.

La consommation s’est en effet bien maintenu au sein de cette demande interne où la FBCF (les investissements) recule de 7.3% en cumul sur un an. Ce trimestre ci, la consommation des ménages progresse encore de 0.3 % . La progression de la consommation, qui n’a toujours pas faibli, peut surprendre. En réalité elle n’est pas si élevée au regard du revenu brut des ménages. Celui-ci profite du recul des prix pour augmenter encore ce trimestre de 04%. La hausse de leur revenu permet aux ménages de continuer à augmenter leur consommation sans tirer sur leur bas de laine : le taux d’épargne des ménages est passé de 15% au troisième trimestre 2008 à 15.9% au premier trimestre 2009. Voilà une raison supplémentaire d’espérer une reprise économique : le taux d‘épargne des ménages ne peut lui non plus augmenter indéfiniment.

La principale raison du rebond du deuxième trimestre est le commerce extérieur, ce qui veut dire que c’est l’économie mondiale qui a tiré le PIB français. Est-ce durable ? Je n’en sais évidemment rien. On peut simplement dire que la crise financière semble derrière nous, que les moyens mis en place pour la relance ont été énormes dans le monde entier et que tout cela ne va pas dans le sens de la résorption de certains déséquilibres précédents !