J’ai expliqué fin janvier que je ne savais pas pour qui voter et qu’aucun candidat n’emportait mon adhésion. Je sais bien n e pas être seul dans ce cas ! L’examen successif des candidatures de François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal a confirmé mon point de vue : aucun ne suscite réellement mon adhésion. Il faut pourtant choisir. Je l’ai fait déjà il y a quelques semaines et je veux m’en expliquer ici.
Comme les plus fidèles de mes lecteurs le savent, je suis très inquiet de la situation de notre pays, qui décroche lentement mais sûrement par rapport à nos voisins européens, alors même que l’Europe est loin d’être la zone le plus dynamique dans le monde. Les conséquences sociales de nos insuffisances économiques s’étalent tous les jours sous nos yeux. Il est difficile de ne pas faire également le lien entre la montée du chômage puis son maintien à un haut niveau et la montée du score de JM Le Pen. Améliorer la situation économique ne suffira pas à régler les autres problèmes, mais il s’agit d’une condition indispensable.
Un débat organisé par les Echos sur la stratégie économique à mener et publié mardi (ainsi que la vidéo) donne la parole à un représentant des trois principaux candidats. On constate (au-delà de divergences sur des modalités) un accord sur le fait qu’il faut absolument développer la recherche et l’innovation. Comme cette action ne donnera son plein effet que dans plusieurs années (5 ans ?), la stratégie économique doit aussi porter sur les actions à échéances plus proches. Les avis divergent sans doute plus sur ce sujet.
Malheureusement, le fait que les experts soient d’accord ne suffit pas pour que les politiques appliquent les solutions préconisées. L’exemple des retraites est là pour le prouver. Cela fait plus de 20 ans qu’on sait qu’on va avoir des problèmes de financement, progressivement un consensus s’est imposé pour dire que le report de l’âge de départ de la retraite est une mesure incontournable. Cela n’a pas empêché le PS de déclarer que la loi Fillon est une injustice sociale puis sa candidate de proposer d’augmenter le montant des petites retraites et de remettre à plat la loi Fillon.
Aujourd’hui, les programmes des différents candidats sont peut être plus proches les uns des autres qu’on ne l’imagine ; Le problème est toujours de savoir, derrière les slogans souvent démagogiques, ce qu’ils feront vraiment.
Chacun de nous va en fait faire le pari que son candidat va faire ce pour quoi il vote pour lui.
Je me mets dans cette logique de pari moi aussi et je me demande pour chaque candidat ce que notre pays peut gagner dans l’hypothèse optimiste et ce qu’il peut perdre dans le cas contraire.
Le développement d’une politique de l’offre est à priori défendu par leurs représentants dans le débat des Echos et conforté par leurs promesses communes d’augmenter le budget de la recherche. Mais j’ai deux motifs d’inquiétude qui discriminent sur ce point N Sarkozy et les deux autres :
Le fait que ni Bayrou ni Royal n’aient trouvé un politique de leur bord pour défendre leur dossier ne plaide pas pour l’importance qu’ils y accordent. Le remplacement de Besson par Sapin ne semble pas avoir donné à la candidate socialiste un expert chargé de l’économie convaincu par son programme. C’est C Blanc qui représentait N Sarkozy et on sait ce que je pense de l’ancien président d’Air France et de son point de vue sur le sujet.
Le fait que sur ce sujet (comme sur la plupart d’ailleurs) donner plus de moyens financiers est nécessaire mais ne suffit évidemment pas, il faut aussi réformer assez en profondeur le système pour le rendre plus efficace.
Faire une politique de l’innovation dont on ne verra vraiment les résultats que dans cinq ans alors qu’il faut remuer bien des pesanteurs pour y arriver, cela suppose d’être vraiment convaincu et capable de surmonter les obstacles. Seul N Sarkozy est susceptible de répondre à ces deux conditions. Imagine t’on une présidente qui ne pense que marketing faire une action payante à cinq ans ? Imagine t’on un président centriste qui n’a jamais compris de quoi il s’agissait faire cette politique ?
C’est un pari et j’en suis bien conscient, mais il a au moins une chance de gain
Si j’élargis à l’ensemble de la politique économique et sociale, je pense que
Au mieux Ségolène Royal fera une politique raisonnable mais au pire, en fonction de l’influence des uns et des autres et de son souhait de plaire en permanence aux Français elle accélérera la dérive en cours
Au mieux François Bayrou pratiquera l’immobilisme et au pire, il enlèvera avec la proportionnelle tout moyen de faire à l’avenir des réformes difficiles.
Nicolas Sarkozy peut aussi ne pas faire (ou très partiellement) les réformes que j’attends. Et il peut développer les inégalités, que le gouvernement suivant remettra en cause. Mais il y a une chance non négligeable qu’il remette notre pays au diapason de ses voisins. Je ne me permettrais pas de louper cette chance.
D’autant plus que si la dérive de notre pays continue, ce sont les plus faibles qui comme d’habitude paieront les pots cassés.
Je voterai donc Nicolas Sarkozy, sans enthousiasme et sans illusions, mais résolument.
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