Les sondages continuent à donner l’actuel ministre de l’intérieur en tête de la présidentielle, au premier comme au second tour, mais évidemment tout peut changer avec l’entrée dans la campagne officielle, en particulier pour Le Pen.
La question du vote ou non pour le candidat de l’UMP se pose donc au premier tour et se posera sans doute au second : elle mérite donc un examen sérieux
Aller sur les terres de la droite a pour moi un petit parfum d’exotisme, même si je me suis souvent amusé plus jeune à défendre les positions opposées de celles de mes interlocuteurs, quelque qu’elles soient. Et si certains de mes amis sont de droite.
C’est dans cette droite qu’il s’est trouvé 26 députés ou sénateurs pour voter le 19 février dernier contre l’inscription de l’abolition de la peine de mort dans la constitution et 22 pour ne pas s’exprimer. C’est bien sûr encore beaucoup trop, mais cela montre que dans sa majorité la droite française n’est pas sur les lignes de celle des USA. La légitimité de la vengeance personnelle, implicite dans beaucoup de téléfilms américains, n’est généralement pas présente non plus dans la tradition du principal parti français. Cet exemple parmi tant d’autres pour montrer qu’accuser l’UMP et son candidat de fascisme n’est pas réaliste ou prouve une ignorance de ce qu’est vraiment la fascisme.
Mais pour aller un peu plus loin, le mieux est d’aller voir sur son site quel est le programme du candidat de l’UMP. Là, j’avoue avoir été un peu surpris. Moi qui étais habitué aux textes abondants des congrès du PS, qui avait trouvé à l’UDF un programme assez détaillé. Finalement, le programme est limité. Mais on n’y trouve pas un certain nombre de mesures qui ont été présentées à l’occasion de tel ou tel discours du candidat. Celui-ci a multiplié les promesses (il est vrai que la campagne est organisée, notamment par les médias, pour être un concours de démagogie : et pour ma fille qui est sourde, vous faites quoi ?). Il ressort cependant deux impressions :
Ce sont les riches qui vont être favorisés, notamment à travers les mesures fiscales : sur les droits de succession, sur la limite de 50% des revenus, la déduction des intérêts immobiliers…
Les dérapages sur l’identité nationale, l’immigration choisie, les magistrats qui doivent rendre des comptes, tout cela finit par faire beaucoup. Je ne pense pas que la démocratie soit menacée (comme le disent certains, qui me paraissent sous estimer la solidité de celle-ci). Mais ajouté au soutien accordé à des Balkany ou des Carignon, cela ne donne pas envie de suivre le bientôt ex ministre de l’intérieur.
Peut on par ailleurs lui faire confiance ? Il rappelle beaucoup Chirac jeune. Comme lui il est hyper actif, voire agité, comme lui il ne semble guère avoir beaucoup de conviction et être avant tout avide du pouvoir pour le pouvoir. Chez Chirac, l’absence de convictions s’est traduite positivement par la capacité à intégrer de nouvelles idées (quitte à les abandonner aussi vite) mais aussi par l’absence d’axe de transformations, les priorités changeant toutes les semaines. Au final, le président de la République sortant aura être un champion de l’immobilisme.
On pourrait considérer que l’alternance permet à chaque camp de procéder aux réformes que lui seul peut faire. Un de mes amis m’avait ainsi dit un jour que c’était à la droite de faire la réforme de l’Etat, la gauche ne pouvant pas remettre à ce point en cause ses électeurs (Prodi l’a fait lui, cependant !). L’alternance permet ensuite de corriger les dérives éventuelles de l’autre camp .Mais si c’est pour avoir les dérives et pas les réformes…
On comprendra que l’idée de mettre dans l’urne un bulletin avec le nom de Nicolas Sarkozy ne m’enthousiaste guère !
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