Après avoir évoqué les licenciements, je voudrais aborder l’accompagnement des chômeurs. Celui-ci comprend ce qu’on appelle des mesures passives, essentiellement les indemnités versées aux chômeurs, et des mesures actives, destinées à les aider à trouver un travail, par exemple par de la formation.
Pendant longtemps la France a été réputée pour donner la priorité aux mesures passives (dans lesquels entrent aussi les pré retraites) alors que les pays scandinaves consacraient plus d’argent aux mesures actives qu’aux mesures passives.
L’existence d’un chômage structurel fort, l’existence de métiers en tension, incite à organiser une formation de reconversion. Par exemple pour permettre à une ouvrière dont l’entreprise de textile ferme (sans espoir de retrouver un travail dans ce secteur vue son évolution) de devenir assistante maternelle ou aide soignante, donc d’accéder à un métier qui recrute de manière importante.
La reconversion peut aussi se faire au sein de l’entreprise, par mobilité interne. Le législateur incite fortement à préférer cette solution au licenciement. Dans la loi de cohésion sociale du 18 janvier 2005, il a également introduit un article qui oblige les entreprises de plus de 300 salariés à négocier avec les organisations syndicales sur la GPEC. Anticiper l’évolution des emplois pourrait en effet permettre de mieux organiser cette mobilité interne ou de développer l’employabilité externe des salariés. Cependant, ce sont les tensions sur le marché du travail qui sont le meilleur aiguillon pour inciter une entreprise à développer la mobilité et la promotion interne.
Dans les mesures actives, il faut aussi compter l’accompagnement. Les grandes entreprises ont pris l’habitude de mettre en place en cas de PSE des cellules de reclassement. Les plus petites s’y sont mises aussi. En cas de règlement judicaire, quand l’entreprise n’a pas les moyens de financer la cellule de reclassement, l’Etat se substitue à elle (c’est ce qu’on a vu pour Moulinex ou Métaleurop). Il est cependant moins généreux que certaines grandes entreprises, surtout si elles sont riches ou veulent afficher leur caractère social. Il vaut beaucoup mieux se faire licencier par une entreprise qui fait de gros bénéfices que par une entreprise en faillite ! C’est maintenant certains chômeurs qui bénéficient d’un accompagnement financé par l’UNEDIC qui veut accélérer le retour à l’emploi et sans doute aussi pousser l’ANPE à revoir ses méthodes de travail.
La cellule de reclassement va faire bénéficier les personnes accompagnées de méthodes et de conseil pour rédiger un CV ou se valoriser lors d’un entretien, mais aussi d’offres de travail collectées sur le marché du travail. Elle est aussi un soutien et une incitation permanente à recharger de manière active un nouvel emploi.
Parce qu’il faut aussi regarder cette réalité : les salariés licenciés et les chômeurs ne sont pas toujours très actifs. Parce qu’ils sont sous le choc du plan social, parce qu’ils ne savent pas comment chercher, parce qu’ils sont découragés. Mais aussi parce qu’ils considèrent que les indemnités de chômage sont un droit qu’ils ont acquis par leurs cotisations et qu’ils peuvent bien attendre quelques mois avant de chercher un nouvel emploi. Cette attitude est beaucoup plus fréquente qu’on ne l’imagine comme on le constate à travers le pourcentage important de ceux qui refusent l’accompagnement proposé par l’UNEDIC.
Cette attitude a pu être favorisée sans le vouloir par l’ANPE qui tarde à convoquer un nouveau chômeur pour faire un point avec lui. Elle va surtout à l’encontre des intérêts du chômeur lui-même, l’expérience prouvant que plus on attend, plus il est difficile de trouver du travail. Notamment parce que cela n’est pas valorisant vis-à-vis des employeurs et parce que les demandeurs d’emploi se déstructurent.
Le système d’indemnisation sur longue durée n’est guère incitatif à être très actifs. Pour ceux qui viennent de grandes entreprises avec des salaires supérieurs aux prix du marché, l’acceptation d’un salaire inférieur à leur salaire antérieur mais conforme au marché peut être retardée. Un système dégressif est évidemment plus incitatif, avec cela veut dire aussi comme drames humains possibles.
Comme souvent, la question est de trouver un juste équilibre entre les caractères protecteur et incitatif du système.
Ségolène Royal propose de faire passer les indemnités à 90% de l’ancien salaire et pendant un an, avec un encouragement à la formation et un accompagnement personnalisé assuré par le service public de l’emploi (voire proposition 21). Une telle mesure serait coûteuse bien sur tout en risquant d’être peu incitative
Nicolas Sarkozy déclare de son coté que le système est peu généreux et sur longue durée. Il propose donc lui aussi une indemnité à 90% mais une réduction de ces indemnités en cas de refus de deux offres d’emploi valables
On notera cependant ici que c’est l’UNEDIC qui verse les indemnités chômage et que se sont les partenaires sociaux qui fixent leur montant et les règles d’attribution. Il est vrai que le candidat de l’UMP veut aussi fusionner l’ANPE et l’UNEDIC
Les commentaires récents