La politique d’offre timidement mis en place par le gouvernement est fortement contestée à gauche, hier par les députés PS frondeurs, et ces derniers jours par Cécile Duflot qui était encore ministre il y a peu et par Arnaud Montebourg qui l’est encore mais qui semble vouloir se positionner en vue de futures échéances (2017 ?)
Dans une économie de marché, l’offre et la demande de produits et de services se rencontrent sur le marché. S’il y a des déséquilibres, des ajustements se font « automatiquement » (la fameuse main invisible du marché) par les ajustements de prix et/ou par des initiatives des acteurs en fonction de la situation : par exemple, s’il n’y a pas assez d’offre sur un produit donné, un fabricant peut augmenter sa production, ce qui peut prendre plus ou moins de temps selon qu’il lui suffit d’affecter une machine disponible à cette fabrication, d’ajouter une équipe ou qu’il lui faut construire une nouvelle usine.
La crise de 1929 a montré que dans certaines situations le système économique pouvait ne pas sortir spontanément d’une crise cyclique et Keynes a montré ensuite qu’une augmentation des dépenses de l’Etat pouvait au contraire permettre une sortie de crise. Ensuite, de nombreux politiques se sont empressés, même dans des circonstances qui ne le justifiaient pas, de suivre ces recommandations qui leur permettaient des largesses. C’est ainsi que depuis 40 ans, la France accumule les déficits, sans que cela nous ait permis de faire revenir le chômage aux taux que nous connaissions dans la période précédente.
On arrive même dans le domaine du logement à subventionner massivement à la fois l’offre et la demande ! On devrait se demander comment on a réussi à empêcher les mécanismes de marché de fonctionner pour être obligé d’en arriver là : c’est le contraire qui a été fait par Cécile Duflot, qui a édicté une loi qui empêche encore plus le marché de fonctionner, puis qui, au lieu de reconnaître que le marché de la construction s’effondre (ce qui va à l’inverse des objectifs qu’elle affichait), estime qu’on écoute trop des lobbys qui ont le tort de vouloir rappeler quelques vérités de base !
Les gens sérieux savent que la seule voie raisonnable pour sortir de la crise économique en Europe est d’augmenter les salaires allemands, c’est-à-dire d’augmenter la demande là où c’est possible sans conduire pour ce pays à une multiplication des défaillances d’entreprise (le taux de marge des entreprises allemandes est au plus haut), un déficit budgétaire (au contraire en l’occurrence) ou à un déficit des paiements(c’est la récession d’autres pays de la zone euro qui menace l’énorme excédent commercial allemand). Le FMI, la Banque centrale européenne et même la Bundesbank appellent à cette augmentation, pour sortir l’Europe de la crise d’une part, pour éviter la menace de déflation d’autre part.
Il se trouve que les entreprises allemandes ne se pressent pas pour obtempérer et que les syndicats sont sur un discours semblable (au point de se faire admonester par la Bundesbank). Les gouvernements de la zone euro devraient se conjuguer pour faire pression sur Angela Merkel sur le sujet (elle peut accélérer la mise en place du SMIC promise au moment des élections et jouer aussi sur le niveau d’augmentation des fonctionnaires) et lui demander d’abandonner la politique mercantiliste menée par les allemands, politique qui affecte massivement l’économie des autres pays.
Las, le gouvernement français préfère s’accrocher à ses vieilles lunes de maintien des déficits pourtant contraire aux traités et à l’intérêt à moyen et long terme du pays. Du coup, il perd toute légitimité dans les débats européens. La déclaration de Montebourg n’est qu’un coup de pied de l’âne supplémentaire contre les intérêts des français.
Sur le même sujet, j’ai déjà publié un article en 2013
Les commentaires récents