Les attaques d’Arnaud Montebourg contre la politique du gouvernement dont il est un des principaux responsables ont contraint le président et le premier ministre à réagir en remaniant le gouvernement. L’un et les autres font courir un risque majeur à la majorité et par ricochet à notre pays.
Alors que l’ami Samuel pensait que François Hollande n’allait pas réagir aux sorties de son ministre de l’économie, les têtes de l’exécutif ont choisi la voie de la clarté, ce qu’à mon avis ils étaient obligés de faire, sous peine de perdre toute crédibilité. C’est donc bien Arnaud Montebourg qui est le responsable de la crise.
Le gouvernement risque fort de n’avoir plus de majorité à l’Assemblée pour voter son budget et les réformes qu’il propose. Et il n’y a guère de majorité de remplacement, à part celle très aléatoire d’une alliance avec le centre. La solution ultime, c’est la dissolution, avec une catastrophe probable pour les députés PS et un risque majeur d’une victoire FN !
Le désormais ancien ministre s’appuie sur un fait indéniable pour ses propositions : la plupart des commentateurs spécialistes de l’économie à l’extérieur de la zone euro estiment que la politique menée par celle-ci est un frein majeur à la croissance, contreproductif pour l’objectifs affiché de réduction des déficits.
Malheureusement, la solution n’est pas française mais européenne et en particulier allemande ; et ce n’est pas avec les discours en permanence pro déficit des français que ceux-ci pourront convaincre leurs partenaires.
Le risque de déflation inquiète fortement la BCE et son patron vient de demander aux pays de la zone de revoir leur politique budgétaire dans un sens plus laxiste : il donne donc raison à Montebourg sur ce point.
Cependant, à rester l’œil fixé sur la seule question de la reprise à court terme de la croissance, on risque d’oublier les problèmes structurels majeurs du pays, ceux qui font que le déficit des comptes publics est la norme depuis 40 ans et que la dette ainsi accumulée atteint maintenant près d’un an de PIB, ou 5 ans d’impôts !
Il va bien falloir se décider à faire des réformes d’organisation, comme l’a droite l’a fait (au moins partiellement ) pour le système des retraites.
Je pense que ces réformes doivent viser la simplification des structures (moins de niveaux administratifs et un seul niveau par compétence) comme de la fiscalité (réduction drastique du nombre de niches fiscales et diminution simultanée des taux affichés par exemple) ou des systèmes d’aides de tout poil qui ne fabriquent que de la bureaucratie.
Mais il semble malheureusement déjà trop tard pour Hollande. Comme le faisait remarquer ici, Louis Gallois ".L'agenda 2010 de Schröder s'est étalé sur une décennie, avec trois majorités politiques différentes, et sous deux chanceliers de bords opposés, qui ont mené exactement la même politique. Voilà la cohérence et la persévérance dans l'action qui sont indispensables."
’Allemagne a pu réformer en dix ans, avec plusieurs gouvernements successifs, de bord opposés qui plus est. On en est loin !
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