Les récents déboires de Nicolas Sarkozy ne sont qu’une étape de plus dans la déliquescence qui semble affecter les deux partis dominants, PS et UMP. L’ancien président veut manifestement s’accrocher, ce qui ne contribuera certainement pas à la renaissance de son camp. Mais peut-être faut-il aller jusqu’au bout de ce crépuscule avant qu’un nouveau cycle puisse démarrer ?
Le nouvel épisode judiciaire qui affecte l’ancien président semble le pousser à chercher le « quitte ou double » : puisqu’il a choisi de s’appuyer contre les juges sur l’opinion de ses proches, la logique le conduit à accéder à leurs attentes et à viser la présidence de son parti, ce qui lui permettra au passage de museler ses concurrents au sein de celui –ci.
Nicolas Sarkozy surfe sur le caractère complexe des affaires qui lui sont reprochées : le citoyen moyen ne voit pas en quoi le fait que Liliane Bettencourt, veuve d’un ancien ministre RPR, ait financé la campagne de son camp est répréhensible, comme il ne comprend guère pourquoi on met un ancien président sur écoutes, où qu’on aille lui chercher des poux à Tripoli ou Karachi.
Il est facile de montrer à des militants ou des sympathisant qui ont tendance à voir le monde en noir ou blanc (les bons, c’est nous et nos adversaires politiques sont des méchants) et qui n’accordent guère de considérations aux subtilités de la justice (les voyous, il faudrait les mettre en prison au lieu de vouloir leur trouver des excuses), il est facile de leur montrer qu’on est une pauvre victime et que les juges sont partiaux.
Il est moins facile de leur demander de mettre la main à la poche pour financer les errements des dirigeants du parti. Le vrai danger pour Nicolas Sarkozy, c’est l’affaire Bygmalion. Parce que l’accusation est claire, même pour le citoyen lambda, qui est même tout à fait tenté de penser que non seulement on a voulu contourner les limites de dépenses mais qu’en plus certains se sont servis au passage. La plupart des Français se sont convaincu que JF Copé est corrompu : il a atteint un niveau de popularité qui ne lui laisse guère d’espoir de remonter la pente.
L’ancien Président de la République pourra toujours tenter d’affirmer qu’il ne savait rien de cette affaire, que ce n’est pas lui qui tenait les comptes. Peut-être cette affirmation tiendra-t-elle devant un tribunal. Je doute qu’elle tienne dans l’opinion. Et d’ailleurs, Nicolas Sarkozy ne s’y est pas trompé qui tente aujourd’hui de nier le dépassement des comptes en affabulant sur les moyens supposés du Conseil constitutionnel. D’autant plus que l’affaire Bygmalion éclaire d’un nouveau jour toutes les autres : s’il y avait des fausses factures et des dépenses supplémentaires, les financements occultes ou parallèles supposés dans les autres affaires, prennent un tout autre sens.
Il ne lui suffira pas, je pense, de s’appuyer sur les partisans qui le suivent aveuglément : au sein même de son parti et de son camp : une bonne partie des militants et des électeurs ont perdu toute confiance dans l’ancien maire de Neuilly. Ceux-là pourront toujours rallier une autre candidature, plus à droite ou plus au centre selon le cas. S’ils sont une infime minorité, ce n’est pas un problème : je ne crois pas que ce sera le cas. Ne serait-ce que parce que certains responsables ont déjà avoué les anomalies de cette affaire.
Il faut dire aussi que le quinquennat n’a pas non plus convaincu par ses résultats, que ce soit dans le domaine de la sécurité, pourtant agité en permanence, ou dans celui des réformes économiques. Si on peut objectivement porter au crédit du gouvernement d’alors d’avoir bien géré la crise financière, on ne peut que constater rétrospectivement qu’il aurait dû réduire le déficit budgétaire avant la crise et qu’il n’a pas réagi à temps à la dégradation des comptes des entreprises. Des problèmes auquel l’électeur de droite, qui n’a guère vu de réformes libérales, est plus sensible que l’électeur de gauche.
Le parti socialiste n’est pas mieux loti. Lui aussi a connu ses affaires, avec Cahuzac, Kucheida ou Dassonville, le maire de Hénin Beaumont. Surtout, il est confronté à une très grave crise idéologique, avec des députés frondeurs qui ne suivent plus les consignes de leur parti/ leur groupe, et probablement avec des électeurs qui sont certainement désorientés de constater que tout ce que la gauche a refusé de voir depuis 10 ans devient vrai quand il est au pouvoir.
Il se trouve que j’ai pu assister cette semaine, dans mon cadre professionnel, au traitement médiatique d’une crise importante qui affectait les clients de l’entreprise concernée, menaçant celle-ci de perdre leur confiance. J’ai donc entendu le directeur général de cette entreprise affirmer que dans une telle occasion « on ne ment pas et on assume ses erreurs ». La priorité est de sauver l’entreprise, au prix s’il le faut de la démission d’un de ses dirigeants.
Si Nicolas Sarkozy et avant lui Jérôme Cahuzac, JF Copé ou JP Kucheida ont appliqué des principes tout à fait différents, c’est qu’ils ont fait passer leur intérêt propre avant celui de leur camp. En faisant cela, ils gagnent sans doute du temps (mais pour quel résultat à la fin ?) mais ils alimentent assurément la défiance de plus en plus grande que les Français éprouvent à l’égard de leur personnel politique, qui n’est pourtant probablement pas aussi gangrené qu’ils finissent par le croire.
J’ai de plus en plus la conviction que nous assistons à une fin de cycle politique et qu’il faudra des changements profonds pour repartir dans un nouveau cycle. Dans un tel contexte, un ami lensois me disait que, autour de lui, certains n’avaient vu que Le FN comme solution pour sortir la vieille garde socialiste complétement repliée sur ses privilèges et coupée des besoins de ses concitoyens. Personnellement, je ne peux arriver à une telle extrémité tant le discours du FN est à la fois contraire à mes principes éthiques et déconnecté des réalités économiques. Mais je ne vois malheureusement pas pour l’instant d’où pourra venir le renouveau.
Les commentaires récents