Les Allemands votent ce 27 septembre pour renouveler le Bundestag et, note Hughes, cela ne semble pas intéresser les médias français. Ceux là avaient donné beaucoup d’importance à la dernière élection américaine mais donnent peu d’importance à notre principal allié, fournisseur, client, voisin.
Il est vrai que la victoire
d’Angela Merkel semble assurée. Une victoire relative, car elle devra s’allier
avec les libéraux du FDP. Mais Xerbias n’en est pas sûr.
Comme chacun sait, la chancelière est issue de l’ex RDA, et justement, ARTE nous donnait mercredi soir un documentaire sur la fin de la RDA, sur lequel je suis tombé par hasard. Le documentaire alternait les images d’époque et des entretiens plus récents avec des acteurs de cette fin de période, en particulier Egon Krenz et Günter Schabowski.
Egon Krenz fut le dernier
secrétaire général du parti communiste est allemand au pouvoir. Jeune n° 2 du parti (il
avait 52 ans à l’époque) il prit le pouvoir à son prédécesseur Erich Honecker,
le 18 octobre 1989, peu de temps après le 40ème anniversaire de la RDA, les 6
et 7 octobre. Ce coup d’état était l’initiative de la majorité du Politburo
allemand, qui prit soin de prévenir Mikhaïl Gorbatchev et d’obtenir son aval,
ce que le documentaire montrait en détail
Günter Schabowski, également membre du politburo, était chargé des relations avec les médias. Il représentait la direction du parti lors de la manifestation monstre du 30 octobre à Berlin Est, où il se fait huer par la foule. Le 9 novembre, lors d’une conférence de presse, il déclare que la circulation entre les deux Allemagnes est libre, ce qui se traduit dans la nuit suivante par la chute du mur.
Deux choses m’ont frappées à
l’écoute du documentaire. D’abord le sentiment que les dirigeants de la RDA
étaient complètement dépassés par les événements, ce qu’ils reconnaissent
d’ailleurs volontiers dans le documentaire. Voilà des gens qui décident de
renverser le dirigeant historique parce qu’il ne fait pas ce qu’il faut mais
qui n’ont manifestement pas de plan de rechange.
En réalité, ce qui aurait été étonnant serait qu’ils aient eu un plan de rechange adapté. Voilà en effet des gens qui sont monté dans la hiérarchie du parti parce qu’ils en ont bien compris les règles et qu’ils sont les meilleurs pour ces règles là. Ce sont avant tout de apparatchiks. Comment auraient ils pu savoir faire face à une contestation populaire massive alors qu’ils n’avaient jamais eu à traiter ce genre de situation ?
Il faut dire que la situation n’était pas difficile du simple point de vue politique. Elle l’était également du point de vue économique. La RDA était dans une impasse, c’est Schabowski qui le reconnaît lui-même aujourd’hui.
La deuxième chose qui m’a
frappée, c’était l’image donnée par les deux anciens dirigeants, celle de
« gentils ». Egon Krenz est présenté comme quelqu’un qui sait
écouter, et Günter Schabowski comme celui qui pourrait être acceptable par les
manifestants. Et pourtant, ce sont les dirigeants d’un état policier, qui a
construit le Mur de Berlin et a fait de la Stasi une énorme machine.
Etonnant.
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