Les conclusions de la commission Stiglitz présentées lundi 14 septembre n’ont pas convaincu tous les commentateurs, loin de là ! Si Pierre Antoine Delhommais dans le Monde défend le bon vieux PIB, Aymeric fait remarquer que changer d’outil sans renoncer à la religion du chiffre risque fort d’avoir des effets pervers.
Au passage,
Aymeric cite Jean De Kervasdoué qui met en avant le critère de l’espérance de
vie et souligne que « la justice sociale est bonne pour la santé »,
ce qui explique les meilleurs résultats de pays fortement égalitaire comme la
France ou le Japon.
Samuel voit dans cette remarque de la pure idéologie et se réfère à l’URSS, dont on sait que les résultats en la matière étaient déplorables.
Alors regardons un peu ce qu’il en est.
En ce qui concerne les femmes, c’est le Japon qui vient en tête avec 86 ans en 2007, suivi par la France, l’Italie et la Suisse à 84 ans, l’Autriche, le Canada, l’Espagne, la Norvège et la Suède. Les pays d’Europe de l’Ouest qui font le moins bon score sont l’Irlande et le Danemark, qui sont à égalité avec les USA à 80 ans
Du coté des hommes, le Japon est
de nouveau en tête avec 79 ans, à égalité avec la Suisse et la Suède. La France
est un peu moins bien placé à 77 ans, alors que l’Italie et le canada sont à
78. Aucun pays de l’Europe de l’Ouest ne fait moins bien que les USA qui sont à
75 ans
Que conclure ? Peut il y avoir un impact des inégalités sur ces résultats ?
Faisons un petit détour sur le
lien entre les classes sociales et l’espérance de vie. En France, dans les
années 90, les cadres supérieurs avaient à 35 ans, 7 ans d’espérance de vie de
plus que les ouvriers. Mais les inactifs non retraités (chômeurs ou SDF
notamment) avaient une espérance de vie inférieure de 10.5 ans à celle des ouvriers.
Les bons résultats de l’Espagne
(77 et 83 ans) montrent qu’un revenu un peu plus bas ne change pas forcément
le niveau d’espérance de vie. On peut penser qu’un revenu plus élevé ne permet
pas de gagner beaucoup par rapport à la moyenne. Par contre, des personnes
fortement déclassés peuvent avoir une espérance de vie nettement plus basse que
les autres.
La conséquence mathématiques est qu’il est probable que la moyenne des espérances de vie selon les revenus soit inférieure à la médiane. A revenu moyen égal, et espérance de vie médiane égale, c’est le pays le plus inégalitaire qui aurait l’espérance de vie moyenne la plus faible. Toutes choses égales par ailleurs évidemment
Les inégalités aux USA sont probablement une des causes de leur mauvais score en espérance de vie. Mais il y en a sans doute d’autres, comme les meurtres par exemple.
C’est là l’intérêt de la
proposition de J de Kervasdoué : les mauvaises conditions de vie
(conditions de travail, accident, meurtres etc. se payent toujours en espérance
de vie.
Comment interpréter le fait que Cuba, pays très égalitaire mais pas très riche, a de meilleurs résultats que les USA ?
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