L'opinion des ménages est d’après l’INSEE à son plus bas
niveau historique. Un an après l’élection de N Sarkozy à la présidence de la République,
cette situation, d’abord liée au contexte économique international, ne facilite
pas l’évaluation de l’action du nouveau président et de son gouvernement
L’impact réel de la crise des supprimes sur l’économie
reste difficile à évaluer, même si évidemment on sait qu’elle est un facteur de
récession. Jusqu’à présent, notre pays n’avait pas trop mal résisté avec un chômage
qui semblait continuer à baisser, jusqu’aux récents chiffres du mois de mars. C’est
surtout la Bourse qui a chuté. Et bien sûr,
ceux des journaux qui titrent sur le scandale de l’augmentation des fortunes ou des revenus
financiers en période faste, se gardent bien de plaindre les riches qui le sont
moins en période de retournement.
L’avenir pourrait être moins rose et notre pays, dont le déficit
budgétaire reste important, ne dispose de guère de marges de manœuvre pour
relancer la croissance, si tant est qu’une telle relance puisse se mener au
niveau d’un pays de notre taille.
Ce qui cause la déprime des ménages, ce ne sont pas d’abord
les hoquets pourtant bien réels de la croissance, ce sont surtout les hausses
de prix sur des biens courants: les produits pétroliers et immobiliers hier,
les produits alimentaires aujourd’hui. L’impact de ces hausses est d’autant
plus fort que nous avons une estimation personnelle de l’inflation et que
celle-ci est biaisée: nous ressentons plus fortement la hausse des prix pour
les produits que nous consommons couramment et dont nous connaissons les prix. On
l’avait vu au moment du passage à l’euro, qui avait coïncidé (pour des raisons
qui n’avait rien à voir avec l’euro) avec la hausse du tabac, de l’essence et de
la farine. Nous le voyons aujourd’hui où les ménages constatent que finalement,
il leur reste à la fin du mois plus d’argent qu’ils ne l’avaient imaginé mais
qui persistent à voir l’avenir en noir.
N Sarkozy a bénéficié d’un point haut du moral des ménages
au deuxième trimestre 2007. Je reste persuadé que c’est une des principales
raisons de sa victoire, tant les résultats électoraux des partis au pouvoir
sont liés depuis plus de 20 ans à l’état de la conjoncture économique. Aujourd’hui,
sa côte de popularité est fort basse, mais au regard du moral des ménages, on
se prend à penser que cela pourrait être pire!
Contrairement à ses deux prédécesseurs, le président de la
République prétend faire preuve de volontarisme face aux événements. Et,
quelque soit la qualité des actions menées et ce que peuvent en penser les
experts, cela plait. Son activisme forcené n’a semblé faiblir qu’à l’occasion
de son remariage et les français semblent lui en avoir tenu rigueur.
Pour ma part, je donnerais au président quelques mauvais
points sur sa conduite des affaires. Essentiellement, je ne le trouve pas assez
libéral dans deux domaines: celui de la gestion des étrangers d’abord, celui de
l’économie ensuite. Et sa conduite de la politique étrangère, dont le caractère
pragmatique pourrait me convenir, me semble bien brouillonne.
Plus positive, son action pour dénouer la crise européenne
avec le traité de Lisbonne.
C’est peut être sur le plan social (s’est à dire dans le
domaine des relations du travail) que le bilan me semble le plus positif. Le
sujet des régimes spéciaux à été traité de manière à diminuer le sentiment d’inégalités
entre français dans ce domaine. Dans une société de défiance, ce point me
parait important. Les partenaires sociaux avancent sur des sujets difficiles
comme celui du contrat de travail puis de la représentativité. On verra dans
quelques temps si les bonnes mesures sont prises pour augmenter le taux d’activité
des 55/64 ans.
Je suis plus dubitatif sur les autres réformes. Beaucoup
de chantiers ont été lancés, et souvent les bons. Je pense en particulier à la
réforme constitutionnelle (avec un travail intéressant de la commission
Balladur), à la RGPP ou la RGPO. Mais je crains que la mise en œuvre ne soit décevante,
soit parce que le gouvernement recule (comme on a pu le voir avec le rapport
Attali et les taxis) soit parce qu’il choisi les actions les plus
superficielles sans s’attaquer aux réformes de fond (quand va-t-on diminuer le
nombre de niveaux administratifs?)
Ceux de mes lecteurs qui connaissent mon attachement à
Christian Blanc comprendront que je regrette qu’il n’est pas été nommé il y a
un an ministre de l’industrie, de la recherche et de l’université. A défaut, la
mission qui lui a été confiée pour le développement de la région capitale porte
sur un sujet important et reconnu comme tel par la plupart des commentateurs. Il
est d’ailleurs le seul des nouveaux secrétaires d’Etat dont la mission parait
effectivement capitale -)! On verra cependant ce qui va se passer quand
il va présenter l’addition des changements à réaliser: tout le monde sait qu’il
faut construire un métro périphérique à quelques km de la limite de Paris, mais
quand il va falloir trouver les 4 à 6 milliards d'euros pour les 60 km environ à creuser, l’unanimité
sera plus difficile!
Bilan en demi teinte donc pour une législature à peine
entamée.
Il est vrai qu’on peut se demander ce qui se serait
passé si le scrutin présidentiel avait débouché sur un autre résultat...
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