La baisse de la construction observée depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir a conduit le gouvernement à revenir sur les aspects les plus idéologiques de la loi Duflot, au grand dam de cette dernière. A la Rochelle, le premier ministre a cependant accepté d’expérimenter le dispositif d’encadrement des loyers à Lille et dans « d’autres villes volontaires ».
Que le fait d’encadrer les loyers ait un impact négatif sur la construction de logements à destination locative, n’importe quel étudiant en première année d’économie le comprendra dès les premiers mois d’étude. Ce qu’il ne pourra savoir par contre, c’est l’importance de cet impact, qui dépendra de toutes manières du contexte général et des modalités spécifiques de la mesure.
La loi Duflot comprenait d’autres mesures, certaines allant également dans un sens négatif sur le volume de construction (la multiplication des contraintes techniques et administratives), d’autres allant dans un sens positif (les aides financières par exemple). Mais pour l’ancienne ministre, ce sont les lobbys qui veulent saborder sa loi.
Le constat est cependant sans appel : de fait la construction baisse, et on est très loin de l’objectif affiché de 500 000 logements construits par an. L’examen détaillé montre que la construction a atteint un maximum en 2007, flirtant avec les 450 000 logements annuels, au plus haut niveau depuis 30 ans, conséquence manifeste de l’augmentation des prix qui redonne de la rentabilité au neuf.
La crise financière a ensuite fait baisser assez fortement ce rythme descendu à un peu plus de 300 000 début 2010, le creux étant plus marqué dans le collectif que dans l’individuel. Ce creux a été ensuite suivi d’une reprise pour( atteindre environ 400 000 logement commencés sur 12 mois au moment des présidentielles. Depuis, le rythme ne cesse de diminuer et risque de passer sous les 300 000 (le dernier chiffre à fin juin était de 305 654, mais le nombre de logements autorisés était en augmentation en juillet).
L’examen des courbes montre que c’est celle du collectif qui remontait le plus avant l’élection et qui s’est cassée le plus vite. Pourtant la construction dans le logement social (environ 80 000 par an) est restée assez stable. Mais l’individuel a baissé aussi et continue à le faire.
Bien sûr, cette baisse a de multiples raisons et le lien avec la conjoncture générale est bien sûr à noter. Celle-ci ne peut cependant expliquer la baisse de 11% en un an des logements commencés cumulés sur 12 mois. La conséquence est que le secteur du BTP est actuellement le plus marqué par les faillites, principalement de TPE.
Le gouvernement veut maintenant revenir en arrière, mais la déclaration de Martine Aubry montre que cela ne sera pas facile. La gauche préfère donc honorer ses promesses populistes maintenant, tout en sachant que la mesure prise créera à long terme de la pression à la hausse sur les loyers…
A noter par ailleurs que dans ce domaine du long terme qu’est celui de la construction immobilière, changer les règles tous les quatre matins n’est vraiment pas ce que l’on fait de mieux. Il est vrai que pour cette pratique détestable, la droite n’a rien à envier à la gauche…
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