Les jeunes français ont un taux de mortalité très faible, mais celui-ci est marqué en particulier pour les garçons, par une proportion très importante de morts violentes. Tous âges confondus, un peu moins d’un décès sur dix est une mort violente, une situation qui place la France dans les pays paisibles, bien que l’Allemagne, Le Royaume Uni, la Suède et même les USA fassent nettement mieux.
Le portrait social de la France nous apprend page 10 qu’en France métropolitaine, 3035 jeunes de 15 à 24 ans sont décédés en 2010. Trois sur quatre étaient des garçons. Les 15/ 24 ans représentent environ 12% de la population française mais seul 0.6% des décès en France concernent cette classe d’âge. Les causes externes de décès (accidents, suicides, intoxication, chutes, homicides…) ont touché 362 filles et 1471 garçons (soit 4 fois plus). Les autres causes (maladies infectieuses, cancers, etc.) ont causé la mort de 400 filles et de 802 garçons, ce qui illustre la plus grande fragilité des hommes : entre 15 et 80 ans, à chaque tranche d’âge, leur taux de mortalité est plus du double de celui des femmes(voir figure 7 page 9) !
Une analyse par génération nous est fournie par un article récent de l’INED sur la conjoncture démographique récente. Le tableau 8 page 36 donne les Taux comparatif de mortalité par grands groupes d’âges en 2009* (pour 100 000) et répartition par cause de décès (%). On observe ainsi que les morts violentes représentent une part majoritaire des décès (en 2009 cette fois) chez les 15/24 ans (74.6% pour les hommes et 54.2% pour les femmes), une part importante pour les 25/44 ans (respectivement 49.1% et 25.3%), et des niveaux nettement plus faibles ensuite : environ 5% pour chacun des sexes à partir de 65 ans. Attention à ne pas en déduire à une baisse de ces morts violentes avec l’âge : ce sont simplement les autres causes de mortalité qui augmentent comme on le comprend en regardant les taux de décès pour 100 000 personnes : pour les hommes, ils sont de 6 entre 15et 24 ans, 13 pour les 25/44 ans, 69 pour les 45/64 ans, 233 pour les 65/ 79 ans et 1137 après 80 ans. En nombre pour 100 000 hommes, il y a 4.5 morts violentes entre 15 et 24 ans et 63 après 80 ans, soit 14 fois plus. Contrairement à une idée répandue, le taux de suicide augmente en fait avec l’âge, ce qu’on peut observer en page 3 d’un nouveau document de l’INED, plus ancien
Ce document datant de 2003 porte sur les morts violentes dans le monde cette fois, avec une comparaison par pays. La première page donne la part des morts violentes dans les décès selon les pays en 2000 : elle est de 8% en France, contre 24 % en Colombie, 18% en Russie, 8% au Japon, 6% aux USA, 4% en Allemagne et en Suède et 3% au Royaume Uni.
La deuxième page donne un classement des pays selon leur taux de décès pour plusieurs types de morts violentes : les homicides, les suicides et les accidents de transports, ainsi que le total pour ces trois causes. Attention, ce total ne représente pas toutes les morts violentes (apparemment même pas la moitié dans le cas de la France) : il y a d’autres causes comme les accidents domestiques (sans doute les plus nombreux) ou les accidents de travail.
Les mauvais résultats français par rapport à ces voisins les plus proches ne sont que très partiellement expliqués par les données de la page 2. On peut imaginer que s’il y a des biais de classements avec certains pays, ce ne devrait pas être le cas au sein de l’Union Européenne. L’encadré en page 4 sur la définition de la mort violente fait cependant penser qu’il peut y avoir des biais importants dans une partie des statistiques, pour des raisons diverses (par exemple répugnance dans certains pays à reconnaître un suicide qui pourra être déclaré autrement)
On notera simplement la très faible part des homicides dans les morts violentes : dans le cas de la France, c’est un pour cent seulement ! La Colombie constitue un cas à part avec presque 100 fois plus d’homicides par habitant que dans notre pays. Les USA constituent une situation intermédiaire avec presque 10 fois plus d’homicides qu’en France (un taux qui avait déjà baissé fortement à l’époque) mais moins de morts violentes au final. Pour les auteurs de l’étude, c’est dans les pays où l’autorité de la force publique est la moins contestée, où les polices sont le plus efficaces et où le pouvoir est le moins corrompu (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Japon par exemple) que l’homicide est le plus rare : moins de 1 décès pour 100 000 habitants.
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