L’INSEE vient de publier une étude sur la recherche et le retour à l’emploi pour les plus de 55 ans, à une période où on constate à la fois une hausse du chômage et du taux d’activité dans cette tranche d’âge. L’étude refait l’histoire de l’évolution du taux d’activité des seniors puis se focalise sur le cas de ceux qui sont au chômage, qu’ils recherchent ou non un emploi.
En 1975, la France avait un taux d’emploi des 55/64 ans supérieur à 50 % et plus élevé que la moyenne européenne. Plus de la moitié des hommes de 60/ 64 ans étaient actifs. Cette proportion a baissé de 15 points entre 1975 et 1980, de 13 points entre 1980 et 1985, pour baisser encore dans les années 90, se stabiliser ensuite à 10% en 2000 et seulement commencer à remonter ensuite.
Le taux d’activité des femmes de plus de 60 ans a également baissé mais celui des femmes de 55 à 59 ans a légèrement augmenté entre 1975 et 2000, l’augmentation générale du taux d’emploi féminin compensant la baisse spécifique de l’activité des seniors.
Le taux d’activité des 60/ 64 ans a doublé depuis 2000, passant de 10 à 20 %. Le taux d’activité des personnes âgées de 60 ans a gagné 6 points sur le seul second semestre 2011 sous l’effet de la dernière loi sur les retraites. Le taux d’activité des 55/ 59 ans a également cru sur la décennie, passant de 53 à 69 %, avec une accélération en fin de période, liée à la suppression de la Dispense de Recherche d’Emploi.
L’étude aborde ensuite la question du chômage des seniors, lequel a fortement augmenté depuis 3 ans, sous les effets conjugués de la crise, de la fin de la DRE et des reports de l’âge de la retraite.
Un graphique page 31 montre l’évolution des taux de chômage selon les tranches d’âge de seniors depuis 1975. Le taux de chômage des 55/ 59 ans, longtemps très proche de celui de la population totale, s’est écarté de celui-ci au début des années 90, devenant durablement plus faible d’environ 2 %. Le chômage des 60/ 64 ans est resté très bas pendant longtemps : ceux qui travaillaient encore à ces âges-là étaient les plus qualifiés, dont le taux de chômage est plus faible que la moyenne.
De 2008 à 2011, les taux de chômage des 55/ 64 ans et des 15/64 ans évoluent du même montant : 1.9 %, mais la hausse est de 2.2 % pour les plus de 55/ 59 ans, avec une plus forte augmentation encore chez les 57/ 59 ans, touchés par la fin de la DRE. Dans le même temps, le taux d’activité des 55/ 59 ans a augmenté de 2.6% par an, soit 7.8 % sur la période !
Arrive le titre choc : en 2011, 36 % des 55-59 ans n’ont pas d’emploi et parmi eux un sur six déclare souhaiter travailler.
Ces 36% sur lesquels va se concentrer la suite de l’étude représentent 1.4 millions de personnes, ce qui n’est pas rien ! Mais la faible proportion de ceux qui veulent travailler a été illustrée il y a quelques temps par l’attachement à la DRE
Le graphique page 32 visualise mieux de quoi il s’agit. Sur les 30 % d’inactifs ne voulant pas retravailler, il y a ceux ou celles qui étaient déjà en inactivité auparavant (par exemple des femmes au foyer ou des handicapés) et ceux qui sont en retraite, en pré retraite ou en DRE (il en reste encore)
L’INSEE montre que parmi les chômeurs en recherche d’emploi, ceux qui ne sont pas vraiment disponibles immédiatement (par exemple pour maladie) ou découragés (donc ne cherchant pas) sont plus nombreux que dans la population totale. Mais cela reste une minorité.
Comme on pouvait s’y attendre, l’étude montre que les plus de 55 ans qui cherchent un emploi ont plus de mal que les plus jeunes à en trouver un. Ils doivent plus souvent accepter un travail à temps partiel, en CDD ou se mettre à leur compte pour travailler.
L’INSEE souligne la proportion élevée d’ouvriers et d’employés parmi les chercheurs d’emploi seniors, nettement plus que dans la population au travail, mais moins que parmi l’ensemble des chercheurs d’emploi : les populations les plus qualifiées sont moins touchées par le chômage, c’est vrai aussi pour les seniors.
Page 35, un schéma montre la part des différentes causes de sortie de l’emploi parmi les chercheurs d’emploi selon les tranches d’âge. On observe d’abord que les fins de CDD diminuent avec l’âge. Ensuite que le départ pour cause de licenciement est, avec 39%, la première cause pour les 55/ 59 ans. Mais au sein de cette catégorie, ce ne sont pas les licenciements économiques (apparemment l’explication de la moitié de ces licenciements) qui augmentent avec l’âge, mais bien les autres licenciements. Il en est de même pour les ruptures conventionnelles, qui augmentent aussi avec l’âge.
Il est probable que les autres licenciements comme les ruptures conventionnelles cachent aussi bien des situations demandées par le salarié que d’autres demandées par l’employeur. Mais on sait que la demande de rupture conventionnelle vient d’autant plus du salarié qu’il est plus qualifié. Il y a très probablement des départs qui correspondent à une volonté de finir sa carrière en étant payé par Pôle Emploi (j’en ai encore vu un exemple il y a deux mois), en augmentation avec l’âge, mais il est très difficile d’en mesurer la part.
L’étude termine par la question du taux de retour à l’emploi. Ce taux (mesuré sur un an) baisse de manière continue avec l’âge, avec une rupture très nette à partir de 55 ans, où il n’était plus que de 7/8 % en 20004/ 2008. Il est remonté à 11% en 2009/ 2011. Comme ce n’est pas la conjoncture économique qui peut expliquer cette hausse, on ne peut que faire l’hypothèse que la fin de la DRE et les lois sur les retraites ont augmenté l’incitation à rechercher un emploi.
Pour terminer et à destination de seniors attirés par le titre et qui cherchent à retrouver un travail, un conseil ; dans vos lettres de motivation, dans vos entretiens, parlez de l'avenir !
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