En feuilletant mon journal favori jeudi soir, j’ai pu voir que celui-ci mettait l’accent sur la question des rapports entre laboratoires et médecins à propos de la pilule et je me suis demandé pourquoi le stérilet n’était pas évoqué. D’autant plus que les Français font souvent preuve de méfiance envers ce qui est chimique et « non naturel ».
Le Monde estime que la surveillance des médicaments a de nouveau été prise en défaut. L’agence n’a reçu, pour les pilules de 3ème et de 4ème génération de notification que pour seulement « 133 accidents thromboemboliques et 122 AVC », un « total si bas qu’il ne fait aucun doute que le système de pharmacovigilance est loin de l’exhaustivité ». Le Monde estime aussi que les médecins ou professuers de gynécologie qui interviennent dans les congrès ont trop de liens avec les laboratoires pharmaceutiques pour avoir un avis objectif.
On semble parti pour un nouveau scandale à propos des pilules de 3ème et 4ème génération, présentées (si j’ai bien compris) comme ayant moins d’effets secondaires gênants pour les femmes (donc étant mieux tolérés) mais se révélant avoir trop souvent des effets secondaires graves (le cas échéant mortels). Il semblerait qu’elles ont des effets graves plus fréquents que les pilules précédentes et qu’il ne faudrait donc les prescrire qu’après essais insatisfaisants de ces pilules de deuxième génération (pas en première intention dit le journal)
Je n’imaginais pas vraiment qu’on pouvait mourir de la pilule. J’ai lu (mais pas retrouvé ) en faisant ma recherche qu’il y aurait 150 cas mortels par an en France !
PS du 13 01 : trouvé sur Slate. "Le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l’ANSM, a indiqué que la transparence serait faite pour ce qui est de cette famille de médicaments. Il a aussi révélé quelques données officielles. Ainsi, depuis vingt-sept ans que les contraceptifs oraux sont commercialisés en France (ce qui correspond à «des dizaines de millions de femmes»), on a recensé 767 déclarations d’effets indésirables graves (de nature thromboembolique) et 13 décès directement imputables à ces médicaments.
Et pourtant, Wikipédia explique que le risque de thrombose est connu depuis 1967, que le Sénat Américain a imposé que les notices indiquent le risque de caillot sanguin en 1970 et qu’il y a des procès contre la pilule de 3ème génération au Canada depuis 2010. Toujours d’après Wikipédia :
- Si le risque d’accident de la circulation veineuse est de 0,5 à 1 femme pour 10 000 femmes non utilisatrices de pilules, il passe à 2 femmes pour 10 000 utilisatrices de COC à base de lévonorgestrel (pilule de 2e génération) et est de 3 à 4 femmes pour 10 000 utilisatrices de COC à base de désogestrel ou de gestodène (3e génération) ou à base de drospirénone.
- Les effets secondaires négatifs doivent être comparés avec les avantages que révèlent une étude de 2010 : le suivi de 28 806 femmes utilisatrices de pilule contraceptive sur une période allant jusqu'à 39 ans, comparé à 17 306 femmes qui n'avaient jamais pris de contraceptif oral montre un taux de décès moindre de 12 %, toutes causes confondues, chez les utilisatrices (sauf pour les morts violentes ou accidentelles), sans que ceci soit explicable
Si la pilule a ce type d’inconvénient, pourquoi ne pas utiliser le stérilet ?
N’étant pas du tout un spécialiste de sujet mais ayant simplement lu un jour quelque part que les françaises utilisent beaucoup moins le stérilet que d’autres européennes, je suis allé voir sur Internet ce que l’on disait sur la question.
L’article de Wikipédia sur l’efficacité comparée des méthodes de contraception m’apprend que sur le papier la pilule est un peu plus efficace que le stérilet (0.3% d’échecs contre 0.6%) mais que dans les faits, entre oubli et mauvaise utilisation c’est de très loin le contraire (8% d’échecs contre 0.8% !).
Continuant mes recherches, je suis tombé sur un article de Doctissimo qui disait beaucoup de bien du stérilet, puis sur un article extrêmement détaillé paru sur Rue 89.
Ce dernier article m’a conforté dans l’idée que le stérilet est plutôt mal vu dans notre beau pays (encore qu’il soit utilisé dans 20% des cas, et qu’il devienne la méthode dominante après 45 ans). A lire l’article, beaucoup de gynécologues ne le proposent même pas, alors que les pratiques au Canada seraient de beaucoup mieux informer les femmes sur l’ensemble des choix possibles en matière de contraception.
La deuxième partie de l’étude utilise des schémas et des informations issus d’une étude très récente (septembre 2012) de l’INED. On y apprend que « les femmes qui consultent un gynécologue utilisent moins souvent la pilule que celles suivies par un généraliste (48 % contre 70 %) mais ont davantage recours au stérilet (26 % contre 7 %). Les gynécologues se considèrent mieux formés à la pose du stérilet que les généralistes (98 % de ceux interrogés par l’enquête Fecond considèrent que leur formation les a bien préparés à cet acte contre 29 % des généralistes). »
L’étude de l’INED contient un graphique de l’utilisation des différents moyens de contraception selon l’âge des femmes qui montre que l’utilisation du stérilet augmente avec l’âge.
On peut trouver deux explications à cette situation :
- Le stérilet est dangereux en cas de MST, il est donc déconseillé aux femmes variant leurs partenaires (et donc plus adapté aux femmes en couple)
- Le stérilet est posé pour environ 5 ans. Une femme qui envisage une naissance « plus tard » sans précision, peut préférer une pilule qu’elle pourra arrêter librement (sans intervention pour arrêter le stérilet)
L’article de Rue 89 cite Martin Winkler (médecin et essayiste) : « On n’a décrit aucun décès lié directement à un DIU ou un implant au cours des vingt dernières années (les accidents sont essentiellement dus à une insertion traumatique, et donc à l’opérateur...) ; on n’a décrit aucun AVC irréversible ; aucune embolie pulmonaire. »
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