A l’heure où quelques individus s’arrogent le droit d’interdire des études sur les OGM engagées dans la légalité et la concertation, des nouvelles dramatiques venues d’Asie nous montrent que le naturel peut être beaucoup plus dangereux que l’artificiel. Le Monde parle d’ »une magnitude du problème cinquante fois supérieure à celle de Tchernobyl ».
Un commentateur relevait à propos de mon article récent sur les écolos, que la définition et les pratiques autour du bio pouvait conduire à choisir des méthodes plus toxiques. Il ajoutait : « Le plus souvent l'argumentation relève de la lutte du bien (le "naturel") contre le mal ("l'artificiel") ».
J’avais ce commentaire en tête en lisant le Monde hier. Mon journal favori consacrait ce soir là presque toute sa deuxième page à un sujet qui avait fait l’objet d’une dépêche de l’AFP le 8 août, peu reprise dans la presse : au Bangladesh, une mort sur cinq est due à l’arsenic.
Une étude récente a en effet montré que 35 millions de Bangladais sur 145 boivent une eau contenant plus de 0,05mg/l d’arsenic, alors qu’il s’agit déjà d’une norme 5 fois plus élevée que celle recommandée par l’OMS.
L’eau pompée dans les nappes phréatiques est en effet naturellement chargée en arsenic. L’AFP nous explique qu’à l’origine ce poison vient de la lave des volcans, comme d’ailleurs le chlore et le sélénium. Les habitants n’ont guère de choix alternatifs pour cette eau qui sert à l’alimentation et à l’irrigation. Deux solutions sont développées : la récupération d’eau de pluie qui demande de vastes réservoirs, et l’installation de filtres forcément coûteux et changeant les habitudes.
Le taux de un sur cinq parait énorme, surtout au regard de la part de la population concernée. Mais en réalité la moitié des bangladais boivent une eau ayant un taux d’arsenic supérieur à la norme de l’OMS. Et surtout, « le taux de mortalité de la population exposée est supérieur de 60 à 70 % à la normale ».
Malheureusement pour les bangladais, leur eau d’origine naturelle peut être beaucoup plus dangereuse pour la vie que tous les engrais et pesticides du monde !
Et pendant ce temps en France, malgré un environnement toujours plus encombré des produits manufacturés, une alimentation qu’on nous dépeint comme ayant tous les défauts du monde, l’espérance de vie continue à augmenter de 3 mois par an en moyenne …
Les commentaires récents