Le rapport Gallois sur la compétitivité n’est pas encore paru qu’il déclenche déjà des discussions sur son bien fondé. D’après le Monde daté du 6 novembre, les économistes sont d’accord sur le diagnostic : l’industrie française est dans un état déplorable. Ils sont plus partagés sur les solutions. Le gouvernement semble vouloir agir, mais progressivement.
J’ai déjà pointé la chute de la part des entreprises dans la valeur ajoutée en France, chute qui ne peut conduire qu’à des faillites et au sous investissement. Le Monde de ce lundi soir rajoute d’autres chiffres, tout aussi inquiétants :
- La part des profits dans le PIB, après taxes, intérêts et dividendes se situait autour de 8,5% en 1998 en France comme en Allemagne. Elle est aujourd’hui en dessous de 7% en France et au dessus de 11% en Allemagne. Elle est de 9.6% dans la zone euro
- La part de l’industrie dans la valeur ajoutée est passée en France de 18% en 2000 à 12.5% en 2011. Dans la zone euro, elle est passée dans le même temps de 19.2% à 15.5%, soit un recul deux fois plus faible
- La part de marché de la France dans le commerce international est passé de 6.3% en 1990 à 3.3% en 2011. Le solde de la balance commerciale hors énergie est passé de + 25 milliards en 2002 à – 25 milliards en 2012
Comme nos voisins italiens et espagnols sont en train de préparer une reconquête de parts de marché en baissant leurs salaires, il est clair que la France va droit dans le mur si rien n’est fait pour redresser la compétitivité de nos entreprises.
Comment en est on arrivés là ? Une des raisons principales est le choix par le gouvernement allemand de Gérhard Schröder de baisser le coût du travail, choix maintenu par Angela Merkel. J’en ai déjà parlé ici.
Il y a bien d’autres raisons d’origines françaises. Le passage aux 35 heures sans baisse des salaires en est bien sûr une. Il y a aussi le choc de la crise mondiale.
Mais l’essentiel est aujourd’hui d’agir. La baisse des cotisations est probablement une bonne solution. Elle permet en effet d’atteindre deux objectifs indispensables :
- Rétablir un partage de la valeur ajoutée proche de son niveau historique,c'est-à-dire 32% pour les entreprises contre 28% aujourd’hui
- Préparer une inflation la plus faible possible (entre 0 et 1%) pour les prochaines années, pour ne pas perdre pied vis-à-vis des pays du Sud de l’Europe et regagner progressivement de la compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne, celle-ci étant engagée dans une dynamique (entre autres avec les salaires) d’inflation comprise entre 2 et 3% par an
Certains pourraient croire qu’il faut cibler les actions sur la seule industrie : ce serait méconnaître le caractère systémique du fonctionnement de l’économie. C’est bien en faveur de l’ensemble des entreprises qu’il faut agir. Vite et fort, et avec des mesures les plus simples possibles (un seuil au-delà duquel il n’y a pas baisse des cotisations n’est pas forcément une bonne idée).
Je ne peux qu’approuver par ailleurs les propositions de Louis Gallois de garantir la stabilité de certaines mesures concernant les entreprises. Le législateur ne se rend sans doute pas compte à quel point il est nuisible de changer en permanence les règles du jeu : l’incertitude est mauvaise pour les investissements comme pour la croissance.
Dernière remarque pour finir : ce n’est vraiment pas le moment de remettre en cause un de nos rares points forts économiques, le nucléaire !
Les commentaires récents