On parle de temps partiel subi quand les personnes concernées expriment qu’elles préféreraient avoir une quotité de travail plus importante (y compris un temps complet). Dans un certain nombre de cas, les horaires pratiqués sont également largement subis : il est vrai que sur ce seul critère de nombreux emplois ont un temps de travail subi !
En France, un peu moins de 16% des emplois sont à temps partiel et cette situation est nettement plus fréquente pour les femmes que pour les hommes : en 2008, selon le conseil économique et social, 83% des 5 millions d’actifs à temps partiel étaient des femmes. Le temps partiel représente 31% des emplois pour les femmes et 6% pour les hommes.
La proportion de temps partiel a beaucoup augmenté entre 1980 et 2000, notamment au début des années 90, avec des aides importantes pour les employeurs, aides qui ont été supprimées depuis (voir ici une présentation des évolutions et une descriptions des mesures d’aides). La proportion de temps partiel a un peu diminué depuis.
A noter que la proportion de temps partiel est plus importante dans la fonction publique que dans le secteur privé. La loi du 25 juillet 1994 a obligé les directions de la fonction publique a justifier les refus de demandes de passage à temps partiel.
Comme on le voit, on est ici dans le temps partiel choisi, puisqu’à la demande du salarié. En 2010, une enquête citée par l’observatoire des inégalités comptaient environ 1.5 millions de salariés en situation de temps de travail subi, à 70% des femmes : « Au total, 8,8 % des femmes salariées sont en situation de temps partiel subi, contre 3,3 % des hommes. Le taux atteint 14,7 % pour les femmes non diplômées, 11,6 % pour celles de moins de 29 ans, 12,4 % pour les employées, et même 15,3 % pour les femmes étrangères »
Si le fait que l’emploi est à temps partiel vient d’une demande du salarié, il est donc choisi. A contrario, si le travail à temps partiel est proposé (et imposé) par l’employeur sous cette forme, il peut être subi (le salarié l’a choisi faute de mieux) ou choisi (cette offre a rencontré un souhait du salarié).
La proportion des salariés à temps partiel varie selon les secteurs, depuis ceux où ils sont rares comme l’industrie ou la construction à ceux où ils sont au contraire fréquent comme le commerce (19%), l’hébergement et la restauration (30%) ou les « autres activités de service » (40% !).
Cette prédominance des services s’explique assez facilement. Contrairement à ce qui se passe dans l’industrie ou la construction, le service se produit et se consomme en même temps : travailler dans la restauration, c’est travailler quand les clients viennent se restaurer, donc parfois uniquement aux heures de repas de midi
La logique d’optimisation organisationnelle pousse aussi à faire varier les effectifs en fonction de la charge de travail, donc à faire travailler les salariés plutôt le samedi que les autres jours de la semaine dans le commerce, et plutôt aux heures de pointe qu’aux moments creux pour les caissières de supermarché.
Dans une intervention récente de planification du temps de travail dans une activité de service, la charge de travail était assez constante mais il fallait remplacer le personnel à temps complet pendant les périodes de repas (d’où des temps partiels) ou pour les soirées.
Il est à noter que les emplois à temps partiels ont diminué entre 1998 et 2001 : le passage à 35 heures peut en être une explication, mais les tensions sur l’emploi en sont une autre. L »es entreprises optimisent leur organisation avec du personnel à temps partiel subi parce qu’elles en trouve quand le chômage est élevé, et elles se replient sur d’autres solutions quand il est difficile de trouver des candidats ! Après tout, l’industrie n’hésite pas à payer à temps complet des équipes de suppléance de week-end qui travaillent en moyenne 28 heures par semaine !
Vouloir réduire le temps partiel subi au moment où le chômage grimpe en flèche n’est donc pas un pari facile !
Les salariés concernés sont souvent en double peine : ils sont à la fois à temps partiel et en statut précaire, notamment parce q’une partie des emplois sont saisonniers. Il n’est cependant pas sûr que cette raison puisse être légitimement avancée : c’est peut être cette voie qu’il s’agira d’explorer !
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