Le Monde daté de ce mardi s’interroge en une de son supplément économique sur la stratégie de la France en matière de ressources minérales, avec ce titre provocateur « la France devra-t-elle rouvrir ses mines ? », illustrée par une grande photo de mineurs de charbon quelques jours avant la fermeture de la dernière mine en Lorraine, en 2004.
Je ne pouvais décemment laisser passer un tel article, mais la réalité est que celui-ci s’intéresse plutôt aux métaux rares qu’au charbon. Il rappelle d’ailleurs qu’au moment de la fermeture de la Houve, celle-ci produisait son charbon à un coût triple de celui importé !
En fait, les gisements miniers de toutes sortes ont été exploités depuis longtemps ce qui limite fortement les possibilités sur notre sol, sauf à profiter de technologies entièrement nouvelles comme l’envisage l’une des personnes interrogées en proposant de laver les minerais directement au fond pour supprimer (presque) tous les problèmes d’environnement.
Le vrai gisement se trouve dans nos déchets, et donc dans le recyclage qui est déjà organisé à grande échelle (l’article cite des taux de 100% de couverture des besoins européens pour le plomb ou 80% pour le chrome)
Il n’y a pas besoin de longues études pour savoir qu’il n’est pas économiquement rentable de rouvrir une mine qui a été fermée ( à la différence du cas d’une mine qui a été mis en sommeil). S’il reste des réserves techniquement exploitables et que la mine a fermé malgré tout, c’est qu’à l’époque elle n’était pas économiquement exploitable. Or, à ce moment-là, le coût de l’exploitation se limitait au coût marginal, toute la structure ayant déjà été amortie. Au contraire , une réouverture subirait de lourds coût de lancement.
C’est d’ailleurs pour le même type de raison qu’EDF a intérêt à prolonger ses centrales nucléaires, même au prix de gros travaux, qui seront généralement beaucoup moins onéreux que la construction initiale.
On remarquera au passage que les mines françaises perdent de l’argent depuis des décennies. Le puits de la Houve en Lorraine, le dernier fermé, n’a équilibré ses comptes qu’une seule année, en 1981 de mémoire, après les deux chocs pétroliers. On a continué à embaucher des mineurs alors que le déficit était tel qu’il aurait été moins couteux pour l’Etat de payer les mineurs à ne rien faire !
Quelle est la folie qui nous a poussés hier à subventionner massivement une énergie obsolète, au prix de la santé des mineurs (même si le bassin de Lorraine ne connaissait pas la silicose, les accidents de travail y étaient fréquents) et aujourd’hui à vouloir supprimer avec les centrales nucléaires une énergie qui explique les bas prix de notre électricité comme notre faible émission de CO2 et qui a des taux d’accidents du travail très faibles ?
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