La DARES a publié les résultats de ses enquêtes sur les mouvements de main d’œuvre en 2011. Comme les années précédentes, ce sont les débuts et fins de CDD qui expliquent une grande partie de ces mouvements et leur plus grande fréquence dans les services, pour les jeunes et pour les femmes
Tous secteurs et toutes tailles confondus, les taux d’entrées comme de sorties sont supérieur à 50%, c'est-à-dire qu’en moyenne, une entreprise a réalisé un nombre d’embauches égal à environ la moitié de son effectif, ce qui ne signifie pas que la moitié de l’effectif a été renouvelé : un même poste peut avoir eu dix titulaires dans l’année, ce qui fera autant d’entrées et de sorties.
Dans les entreprises de plus de 50 salariés, le taux de rotation se situe à 67% dans le tertiaire mais seulement 14% dans la construction ou l’industrie. Ces derniers taux augmentent assez nettement pour les entreprises plus petites mais ne varient guère pour le tertiaire.
Le taux de sortie de 50.3% pour l’ensemble des entreprises se répartit donc en
- 35.8% de fin de CDD
- 6.8% de démissions
- 0.6% de licenciements économiques
- 2.0% d’autres licenciements
- 1.3% de ruptures conventionnelles
- 2.0% de fin de période d’essai
- 0.8% de départs en retraite
Ce sont évidement les fins de CDD qui font l’essentiel de la différences selon les secteurs ou les tailles d’entreprise
On peut cependant noter que les licenciements économiques varient de 0.2% pour les plus de 50 salariés dans la construction ou le tertiaire à 1.9% pour les entreprises industrielles de 9 salariés au plus : on peut penser que les difficultés de réaliser des licenciements collectifs (plus de 10 personnes) jouent un rôle dans ces différences. Ceci dit, on voit que les licenciements collectifs qui font la une des journaux ne représentent qu’une très faible partie des sorties, un peu plus d’1 sur 100 !
Parmi les entreprises de plus de 50 personnes, l’industrie se distingue pour avoir plus de licenciement collectifs sans doute à la fois parce que le personnel y est plus concentré et parce que c’est le secteur qui souffre le plus de la concurrence internationale, dont la construction par exemple est protégée.
Les licenciements autres regroupant des situations très variées, on notera simplement qu’ils sont plus faibles dans l’industrie et à peu près du même niveau quelle que soit la taille, mais surtout au total 3 fois plus important que les licenciements économiques
Les ruptures conventionnelles sont « seulement » deux fois plus nombreuses que les licenciements économiques. Bernard Thibaut déclarait dans le Monde le 13 septembre que 80% des 900 000 ruptures conventionnelles sont subies par les salariés (alors qu’elles sont censées être demandées par eux). Le chiffre de 900 000 représente le total depuis la création de cette procédure il y a quatre ans. Quant au taux de 80%, je l’ai déjà entendu dans la bouche Gérard Filoche mais il ne repose pas sur une étude objective, comme celle qui a été faite à la demande de la CFDT. Celle-ci fait notamment apparaitre que sur l’échantillon analysée (par entretiens) « Selon les salariés interviewés, dans 57% des cas, la rupture du contrat de travail a été évoquée en premier lieu par l’employeur et dans 61% des cas, c’est également l’employeur qui a proposé le dispositif rupture conventionnelle ». En fait il existe de multiples situations et les motivations des acteurs peuvent aussi être multiples dans chacune des situations. Il est cependant probable que les cadres et les plus qualifiés maitrisent bien le processus, quand les moins qualifiés sont plus facilement orientés par leur employeur.
Notons au passage que les démissions restent supérieures à la somme « ensemble des licenciements, ruptures conventionnelles et fin dé période d’essai »
Le pourcentage de départs en retraite est très faible : 0.8% en moyenne, alors qu’il devrait se situer au-delà de 2%. Les seniors sortent donc de l’emploi avant de pouvoir bénéficier de la retraite. Le Figaro note ainsi que 12.1% des ruptures conventionnelles dans les entreprises de plus de 250 salariés concernent des plus de 58 ans. Le journaliste estime qu’il s’agit d’évincer les salariés les plus âgés, il est plus que probable que c’est avec leur plein assentiment, si ce n’est pas à leur demande pressante ! Mais il existe certainement d’autres cas de figure moins favorables aux salariés.
La comparaison entre secteurs montre une très grande diversité, depuis le taux de 6.4% dans la production d’électricité, de gaz de vapeur aux 289% dans les arts, les spectacles et activités récréatives !
Les contraintes d’arrivées sur le marché du travail et les logiques de secteur donnent un taux de rotation de 150 % pour les femmes de moins de 30 ans et de 23% pour les hommes de plus de 50 ans !
Enfin, la qualification joue un grand rôle : le taux de rotation est de 34% pour les ouvriers qualifiés et de 85% pour les ouvriers non qualifiés !
Rappelons que tous ces chiffres changent assez peu d'une année à l'autre. C'est le taux de démissions qui est le plus sensible à la conjoncture.
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