Les différences de durée du travail dans l’année expliquent la plus grande partie (84%) des écarts de revenus salariaux, le reste étant du aux différences de salaire horaire. C’est du moins ce que nous explique l’une des études du portrait social 2011 de la France. Il faut préciser que cette explication vaut quand on raisonne par quartile sur l’ensemble de la population salariée.
Les écarts de durée d’emploi reflètent d’une part la logique des temps partiels ou complets, d’autre part la réalité de personnes qui n’ont pas été en emploi salarié toute l’année, pour cause d’entrée sur le marché du travail ou de départ en retraite en cours d’année, et bien sûr aussi pour cause de période(s) de chômage.
Les experts de l’INSEE ont répartis l’ensemble des salariés par revenu annuel croissant puis ont fait quatre regroupements de nombre égal de salarié.
En comparant les revenus du quart le plus faible et celui qui vient ensuite, ils observent un écart de 1 à plus de trois qui ne s’explique pratiquement pas par la différence de salaire horaire (les plus bas revenus touchent en moyenne 1.17 SMIC à l’heure et les membres du quartile suivant 1.27 SMIC) mais presque entièrement par la différence de temps de travail (l’équivalent d’un quart temps pour les premiers et de 87% pour les seconds).
Le salaire horaire devient une variable explicative plus prégnante quand on continue à monter dans la hiérarchie salariale, puisque les salariés du troisième quart se situent en moyenne à 1.68 SMIC horaire et ceux du dernier quart à 3.15 SMIC horaire.
Il faut noter ici que les résultats auraient peut-être été différents si on avait raisonné par décile, mais apparemment, il y a une moitié environ des salariés qui sont relativement proches du SMIC horaire, et donc pour qui la durée du travail est l’élément majeur du revenu, et une autre moitié, comprenant surtout des salariés à temps complet, pour qui le salaire horaire est la composante majeure de différenciation. Sur la comparaison entre premier et dernier quart, les deux effets se cumulent évidemment.
Assez curieusement (du moins ce n’est pas ce que l’on attend après avoir lu ce qui précède), l’écart entre femmes et hommes (27.5%) s’explique d’abord par une différence de salaire horaire (18.6%) et ensuite par un écart de durée du travail (7.7%) lié aux temps partiels féminins.
On comprend donc que la précarité dot être un facteur explicatif important de la situation de ceux dont le revenu salarial se situe dans le quart le plus bas. Mais l’étude sur les plus jeunes, fortement concerné par une faible durée) n’a pas pu faire la différence entre les effets de l’entrée en cours d’année, ceux de la précarité et ceux du choix d’un temps partiel (exemple des jobs étudiants). L’étude note cependant que le salaire horaire des jeunes est inférieur de 36% à la moyenne, cve qui reflète probablement à la fois l’impact du manque d’expérience (salaire plus faible à l’embauche pour des salariés dont la rémunération augmentera avec le temps) et celui de la sur représentation des moins qualifiés (les autres étant encore étudiants).
Au final, le titre qui insiste sur l’explication par la durée du travail est plus provocateur que complétement représentatif d’une réalité dans laquelle le niveau de salaire horaire joue un rôle important…mais beaucoup moins qu’on ne l’imagine : c’est le mérite de cette étude de le faire apparaître.
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