L’ancien directeur général du FMI a réalisé une prestation calculée au millimètre lors du 20 heures de TF1, qualifiant son affaire new yorkaise de faute morale avant de profiter de l’actualité économique pour rappeler ses compétences dans le domaine. Cela marchera-t-il ?
Pendant une dizaine de minutes, le rapport du procureur américain qui a traité le dossier de DSK a tenu la vedette, l’ancien ministre ne cessant de s’y référer et de l’agiter comme preuve, au point de rappeler un certain avocat maniant un dossier secret qui lui donnait raison, forcément. Pour confesser une faute morale « dont je ne suispas fier » mais surtout qu’il était innocent de tout le reste.
Très convaincant, n’hésitant pas à laisser planer le doute sur un piège ou un complot possible, il s’est servi des mensonges avérés de celle dont il a reconnu qu’elle avait été sa partenaire expéditive pour se donner le beau rôle et l’image d’une victime (« j’ai eu très peur »). Et puisque sa femme qui le connait bien n’a jamais cru à sa culpabilité, pourquoi les téléspectateurs n’en feraient-ils pas autant ?
Une fois le rapport du procureur agité une dernière fois, on a pu passer à la politique, pour dire rapidement qu’il n’y aurait pas d’intervention dans les primaires (mais que Martine Aubry est une amie très chère) avant de passer à l’économie, histoire d’alerter sur l’avenir des pays européens et sur le fait qu’il fallait passer l’éponge sur la dette grecque. Ceux qui n’auront pas compris que DSK se verrait bien demain en ministre des finances, voire en premier ministre, le font sans doute exprès.
Belle prestation sans doute, mais on ne peut s’empêcher de noter à quel point elle a été préparée. DSK expliquant pour répondre à une question qu’il y reviendra plus tard, et quand ce plus tard arrive rappelant qu’il répond à la question antérieure, cela fait furieusement entretien répété arrangé, modifié, jusqu’à ce qu’on ait trouvé toutes les phrases et les attitudes justes. Ce qui suppose que Claire Chazal a préparé avec lui : une attitude d’amie du couple certes, mais pas de journaliste ! Ne soyons pas naïfs : en France, avant un entretien, les journalistes conviennent avec leur invité des sujets qui seront abordés. Mais de là à servir uniquement de faire valoir… La rédaction de TF1 a choisi l’audience plutôt que la déontologie : on verra ce qu’ne penseront les français !
En zappant, je suis tombé sur Rama Yade, se sortant avec brio de toutes les questions posées. Avait-elle préparé elle aussi ? Faut-il maintenant soupçonner tous les journalistes et tous les hommes (ou femmes) politiques ?
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