L’exercice de démocratie interne est compliqué au sein des parti politiques, et les écologistes sont bien placés pour le savoir. Le dernier épisode en date a vu la large victoire de Cécile Duflot sur Daniel Cohn Bendit, avec des conséquences difficiles à prévoir aujourd’hui.
On sait ce que le jeu des courants a pu produire comme mauvais effets au sein du parti socialiste, la période du référendum sur la constitution européenne ayant été particulièrement houleuse. Les Verts ont eux aussi connus des débats internes compliqués et conflictuels, avec une multitude de courants différents et des débats peu compréhensibles pour le profane. Les périodes les plus conflictuelles se sont traduites par une baisse du nombre d’adhérents et un recul électoral.
Le résultat obtenu par la liste menée par Cécile Duflot est à cet égard une bonne nouvelle pour les écologistes, puisque avec plus de 50 % des suffrages exprimés, cette liste a la majorité absolue et peut rechercher un compromis avec les deux autres listes sans être sous pression.
Mais à y regarder de près, il est lourd de menaces. D’abord parce que Daniel Cohn Bendit qui soutenait une autre liste semble vouloir bouder et n’est pas venu à la Rochelle. Ensuite parce que le score obtenu peut signifier que les Verts dominent largement le groupe des adhérents (ce point n’est pas démontré, les membres de la liste gagnante étant d’origine diverses).
Or l’examen des résultats électoraux montre l’échec des Verts seuls : c’est bien l’élargissement de ce parti à d’autres forces dans le cadre d’Europe Ecologie qui a permis l’amélioration très nette des scores électoraux. Et la présence ou non de Daniel Cohn Bendit à la tête de la liste aux européennes n’est pas neutre : en 1999 il est à la tête d’une liste qui recueille 9.72% des suffrages(contre 2.94% en 1994). En 2004, en son absence, les Verts ne réunissent que 7.4 % des voix. En 2009, il est de retour et c’est le triomphe avec 16.28% des exprimés(20.86 largement devant le PS en IDF où il est tête de liste).
Alors, si jamais l’élection de dimanche se traduit durablement par une reprise en main de Europe Ecologie par les Verts et un éloignement de DCB, les rêves des écologistes français pourraient rester au stade du rêve !
Parmi d’autres propositions plus ou moins iconoclastes, le président des Verts au parlement européen est partisan de ne pas présenter de candidat à la présidentielle, en négociant en contrepartie avec le parti socialiste des circonscriptions gagnables pour Europe Ecologie les Verts. Il montre ainsi qu’il sait (plus que ses camarades ?) faire une analyse électorale.
Les écologistes enregistrent leurs meilleurs scores lors des élections à la proportionnelle (européennes et régionales) et sont défavorisés par le scrutin majoritaire qui pousse au vote utile. Les scores lamentables obtenus aux présidentielles de 2002 (5.25%) et surtout 2007(1.57%) sont là pour le rappeler : avec moins de 5% des suffrages, les écologistes n’avaient pas été remboursés de leurs dépenses de campagne en 2007.
Après le choc de l’absence de la gauche au deuxième tour en 2002, les électeurs de gauche n’ont pas envie d’éparpiller leur voix pour devoir ensuite choisir entre la peste et le choléra (pour eux, Marine le Pen et Nicolas Sarkozy). Les écologistes ont par contre tout intérêt à avoir le maximum de députés (si possible avec un Parti Socialiste qui ne soit pas majoritaire seul) pour peser sur les choix gouvernementaux. Or, en l’état actuel des forces, ils ne peuvent l’obtenir si le PS ne leur fait pas des places. Un score médiocre à la présidentielle conjugué à un nombre faible de leaders connus ou implantés localement ne leur laisse guère d’espoir de réussir seuls, en dépassant le PS au premier tour.
Evidemment, les autres leaders ont une toute autre lecture. Ils mettent en avant une implantation progressive aux municipales, aux régionales et même au cantonales. Ils savourent les sondages qui donnent entre 9 et 13% des voix à leur candidat ou une majorité de français partisans d’un abandon progressif de la filière nucléaire. Ils espèrent que ce sujet propice à toutes les peurs et aux rumeurs les plus fantaisistes sera au cœur de la campagne.
Il est vrai que la peur du nucléaire est une obsession pour beaucoup d’écologistes, au point de proposer le recours accru aux ressources fossiles, comme cela a été le cas en Allemagne et dans tous les pays qui ont tourné le dos à la filière nucléaire.
D’autres écologistes sont plus attentifs aux conséquences du réchauffement climatique. J’en ai connu qui étaient sur cette ligne au sein de CAP 21. Il est vrai que ceux là ne partageaient pas les fantasmes de certains leaders écologistes.
Nicolas Hulot a illustré (involontairement ?) ce risque de sectarisme des anciens Verts en évoquant la possibilité qu’il avait envisagée d’un « ticket » avec Jean louis Borloo, faisant hurler ceux qui considèrent qu’un ancien ministre de Nicolas Sarkozy est par nature infréquentable. Si le leader radical ne s’est jamais signalé par une aversion pour le nucléaire (à l’exemple de Nicolas Hulot me semble t-il), il ne faut pas oublier qu’il a été un des fondateurs de Génération Ecologie en 1990 : les préoccupations environnementales lui sont familières depuis longtemps !
On verra ! D’ici un an, bien des choses peuvent changer. Après tout, aux dernières nouvelles, l’épidémie mortelle en Allemagne pourrait bien provenir d’une ferme « bio » (mais cette information est déjà démentie)!
Les commentaires récents