La liberté sous caution ayant été refusée à DSK, celui-ci va rester en prison au moins jusqu’à vendredi 20 mai, date prévue pour une nouvelle audience. Il est de toutes manières empêché de quitter le pays. La classe politique se drape dans la présomption d’innocence mais tous ne pensent déjà qu’à savoir à qui profite l’élimination de DSK de la course à l’Elysée.
Le Monde se garde de prendre parti sur la culpabilité ou non de l’accusé. Mais il publie un éditorial pour expliquer qu’il n’est pas normal que DSK soit éliminé de fait avant même d’avoir été jugé, des articles sur les réactions dans les partis politiques français, deux pages sur les « Unes » étrangères, un article louangeur sur l’action du DSK au FMI.
Cependant, dans les pages « Débats », la parole est donnée au directeur du centre de formation des journalistes, jadis auteur d’un livre « sur le caractère aphrodisiaque du pouvoir, Sexus politicus », dans lequel figurait un chapitre intitulé « l’affaire DSK » décrivant l’homme politique comme étant plus qu’un séducteur de salon.
A gauche, les partisans du président du FMI crient au coup monté, ses adversaires se gardent de se réjouir en public, faisant appel à la retenue ou à la présomption d’innocence. A droite, la posture est la même, l’Elysée ayant conseillé de « ne rien dire, ne pas reprendre le thème de la France humiliée et respecter la présomption d’innocence ». L’Élysée défendant la présomption d’innocence : on aura tout vu !
Seuls Marine le Pen Jean Louis Debré et François Bayrou (beaucoup plus discrètement) ne sont pas dans le ton, les deux premiers accablant l’ancien ministre socialiste. JL Debré est allé jusqu’à affirmer que les patrons du Sofitel de New York avaient étouffé des affaires précédentes avec la même personne, ce qui a été nié sèchement dans un communiqué par les intéressés.
Jouant comme d’habitude sur les ambiguïtés du monde politique, Marine Le Pen dit ce que tout le monde est sensé savoir en affirmant que « tout Paris bruissait des rapports légèrement pathologiques que DSK semblait entretenir à l’égard des femmes ». C’est un vrai problème : doit on, pour préserver à raison la présomption d’innocence, laisser à Marine le Pen l’exclusivité d’un langage qui risque d’être ressenti comme moins tartuffe que celui de ceux qui parlent de présomption d’innocence pour parler d’un des leurs, qu’il connaissent pourtant comme capable de déraper ?.
Je discutais ce jour avec une personne qui a fréquenté quelques temps l’Assemblée Nationale : DSK n’était pas qu’un coureur de jupon et un séducteur impénitent comme un vulgaire Chirac. Il était réputé avoir les mains baladeuses et vouloir coincer les filles dans les coins, les plus jolies étaient évidemment particulièrement visées. Telle députée socialiste s’était donné comme règle de ne jamais se retrouver seule dans une pièce avec lui.
J’imaginais dans un billet précédent un DSK ayant eu une attitude ambiguë, du genre qu’on tolère en France mais pas aux USA. A la lumière de ce que j’entends autour de moi, une attitude plus « agressive » est possible de sa part, ce que j’avais de la peine à imaginer. Ce qui ne veut pas dire pour autant que ce soit ce qui s’est passé !
En attendant, le FMI perd un directeur général qui jouait uni rôle moteur dans la gestion de la crise, comme il avait été à mon sens un très bon ministre des finances. Dommage, vraiment
François Hollande semble avoir un boulevard devant lui maintenant, surtout si Martine Aubry renonce à se présenter, elle qui ne donne pas l’impression d’en avoir envie. La personne dont je parlais plus haut notait tout à l’heure qu’on lui avait reproché un moment d’être trop dans le consensus, mais que après les années Sarkozy, c’est peut être ce dont la France a besoin.
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