Le délinquant sexuel est devenu le monstre des temps modernes, le monstre que l’on craint au plus haut point de croiser au détour de son chemin, le danger suprême pour ceux qui ne veulent pas mourir des mains d’un assassin. C’est en tous les cas l’impression qu’on pourrait avoir à la lecture ou l’écoute des médias.
Dimanche soir à la télévision, l’inspecteur Barnaby découvrait au cours d’une enquête que trois personnes, la femme, le fils et le frère, avaient, deux ans plus tôt, laissé mourir un homme victime d’une attaque cardiaque, attendant qu’il soit mort pour appeler l’ambulance. L’homme avait déjà eu deux attaques dans le passé, et il était probablement très difficile de le sauver cette fois là. Mais surtout, il s’agissait d’un homme violent, qui battait son fils et sa femme, et terrorisait son frère avec qui il travaillait.
Ayant réussi son enquête sur un meurtre plus récent, l’inspecteur Barnaby décide à la fin du téléfilm de passer sous silence l’attitude de ceux qui ont avoué avoir prié pour qu’un homme meurt.
Pourquoi cet exemple ? Parce qu’on aurait pu considérer qu’il y avait là un parricide, crime suprême au 19ème siècle. Mais dans cette situation le réalisateur, se faisant le représentant de la situation actuelle, a préféré passer l’éponge.
Le fait de faire du parricide ou du viol le crime le plus grave reflète certes une réalité (il y a eu crime dans les deux cas) mais aussi une opinion de société à un moment donné, pour des raisons qu’il est difficile de qualifier d’objectives.
Le viol est aujourd’hui poursuivi assidûment. On ne pourrait s’en plaindre. Mais il s’agit d’un comportement récent, quand la société trouvait normal il y a quelques décennies qu’un prêtre ou un professeur pédophile soit simplement muté un peu plus loin. En 1967, il y a donc 43 ans, André Cayatte réalisait "les risques du métier" avec Jacques Brel dans le rôle principal, l’histoire d’un instituteur accusé injustement de viol par une élève. Un tel film pourrait il être produit aujourd’hui sans scandaliser ?
Il faut donc protéger la société de tous ces délinquants sexuels, que l’on fiche et que l’on surveille de près si on a eu le malheur de les libérer de prison, oh scandale. Pourtant, si comme on le prétend, 10% des jeunes filles sont victimes d’inceste, le véritable danger, ce n’est pas le délinquant sexuel inconnu, qui finalement ne concerne qu’un nombre heureusement très limité de personnes. Le danger, c’est le père, le beau père, le grand frère, l’oncle, le parrain, l’ami de la famille voire le voisin d’à coté.
Mais celui dont on a le plus peur, c’est ce délinquant sexuel violent et assassin, celui pour qui on est prêt à refaire tous les ans une nouvelle loi. C’est lui, la lie de la société, l’ogre d’aujourd’hui, celui pour qui certains rétabliraient bien la peine de mort, celui qu’on voudrait enfermer à vie dans un hôpital psychiatrique. Certains le sont d’ailleurs !
Et pourtant, quand on analyse froidement (c’est difficile quand les sujets sont traités à fond sur le mode émotionnel) la mortalité et ses causes, ce n’est pas ce risque qui apparaît en premier, loin de là !
En 2008, sur 530 643 décès advenus en France Métropolitaine, il y en a 157812, soit 30% qui ont été causé par des tumeurs (un cancer), et 146 127, soit 28% par des problèmes de l’appareil circulatoire.
Parmi d’autres causes, on trouve 36 673, soit 6.9%, qui sont qualifiées de causes externes. C’est là qu’on va trouver les accidents de toutes sortes les suicides ou les meurtres.
Il faut noter que ces causes externes sont en nette diminution, puisqu’il y en avait 43 732 soit 8.2% du total en 1996.
Parmi ces morts par définition prématurées, on trouve les suicides, qui ont un peu diminué, mais qui ont causé encore 10 313 décès, soit 28% de ces causes externes. On trouve aussi les accidents de la route, responsables de 4234 décès en 2008, soit 11.5% des causes externes et un peu moins de 1% de tous les décès. Ils ont beaucoup diminués depuis 1996, de 47%.
Les accidents de la route, sont beaucoup plus refusés qu’il y a 40 ans, ce qui a permis des mesures drastiques, mais ils ne doivent pas être considérés comme si graves, puisque l’Assemblée Nationale vient de voter un système plus favorable pour regagner les points de permis de conduire perdu ; Une tribune dans le journal soulignait pourtant que 1% de vitesse en plus, c’est 4% de morts en plus, soit environ 170 personnes par an.
Ignorons ici les accidents domestiques ceux du travail et des loisirs pour arriver aux homicides. Il y en a eu 682 en 2009, soit un peu plus de 1 pour mille décès, et moins de 2% des morts violentes. Ces homicides sont en nette baisse, et au plus bas historique. Tant mieux ! Mais alors pourquoi tant de tapages à leur sujet ?
Parmi ces homicides, entre 2/3 et 80% sont passionnels ou le fait de proches. Comme pour les viols, la personne dont il faut de très très loin se méfier le plus habite chez vous !
Hors les proches, il y a donc entre 140 et 230 meurtres par une personne externe, ; ce sont ces meurtres qui font généralement la Une, ce sont eux qui justifient toutes ces lois plus répressives les une que les autres.
Parmi eux, une trentaine de crime liés à un vol, et environ 50 règlements de compte entre malfrats.
Mais les délinquants sexuels alors ?
Si j’en crois mon gratuit qui rappelaient les affaires récentes de ce type, il y en a eu une en 2007, une en 2008, une en 2009 et aucune en 2010.
0.16% des homicides qui représentent eux-mêmes 0.13 % des décès
Raisonnable notre chasse au délinquant sexuel ?
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