Pour une fois je suis d’accord sur l’essentiel avec Philippe Askenazy qui revient dans le Monde daté du 18 janvier sur le débat des 35 heures en soulignant le rôle que l’Allemagne a su leur donner dans le traitement conjoncturel de l’emploi et la question du temps partiel contraint pour les femmes.
« On peut discuter la pertinence économique de long terme d’une réduction du temps de travail, il demeure que, sur le court terme, le partage du non-travail est une réalité mécanique »
A la suite de cette affirmation, l’auteur explique que l’Allemagne a pu éviter en 2009, entre un demi million et un million de chômeurs, grâce à des accords d’entreprise de réduction transitoire du temps de travail et à l’usage massif du chômage partiel.
La distinction qu’il fait ici sur court et long terme, renvoie dans ce contexte à la distinction entre chômage structurel et conjoncturel. Le problème est que dans notre pays, la réduction du temps de travail a toujours été présentée comme une solution structurelle et non transitoire, à l’exception du cas de l’aide au chômage partiel dont a bénéficié l’automobile en 2008.
Il est vrai que la notion de cycle économique est singulièrement absente du discours politique. Comment faire comprendre à l’électeur qu’une mesure adaptée à la situation d’aujourd’hui peut ne plus l’être demain et vice versa ?
Pendant des décennies, on a fait comme si le travail était structurellement un gâteau limité et on s’est progressivement privé des outils de flexibilité liés à la durée du travail, d’abord au niveau national en contingentant le nombre d’heures supplémentaires, puis en faisant de même dans les branches ou dans les entreprises.
L’économiste aborde ensuite la question du temps partiel contraint en expliquant que les aides pour celui ci ont défavorisé les femmes puis que les aides aux heures supplémentaires de la loi Tepa ont favorisé les hommes au lieu de s’adresser à celles qui ont un temps partiel
En favorisant par des aides le temps partiel, la France peut avoir le sentiment d’avoir développé l’emploi (deux femmes au travail au lieu d’une). Au delà du coût important que cela représentait, il est aujourd’hui évident que cela a favorisé le temps partiel contraint, l’exemple pris par Philippe Askenazy des caissières de la grande distribution étant assez révélateur. Il est à noter qu’il s’agit d’emplois qui par nature ne sont pas dé localisables, et que l’utilisation du système par un acteur pousse par contre tout les autres à le suivre, le niveau des aides faisant du recours au temps partiel un avantage concurrentiel.
Ces situations montrent les conséquences néfastes d’un refus d’analyse des réalités économiques !
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