L’INSEE publie une étude sur les quartiers sensibles, qui montre à quels points ceux-ci cumulent les difficultés économiques et sociales, avec un niveau de formation très bas, le chômage élevé qui va avec et une présence importante des familles monoparentales.
Le Monde titre jeudi sur le taux de chômage de 43% pour les hommes de 16/24 ans (mais il n’est pas sûr que le lecteur ait compris que le « hommes jeunes » du titre renvoyait à cette catégorie d’âge) ce qui n’est pourtant pas forcément ce qui caractérise le mieux ces zones. Le fait d’avoir eu accès au rapport alors que l’INSEE ne met en ligne qu’un résumé n’a manifestement pas aidé les journalistes à aller à l’essentiel.
Mettre en avant le chômage des jeunes de sexe masculin suppose qu’il y a un problème particulier, au-delà de la mise en exergue d’un chiffre frappant. Or l’INSEE dans son résumé, note au contraire que « Pour l’ensemble des hommes, français et étrangers, le taux d’activité à niveau de formation donné est très proche en ZUS et dans les unités urbaines englobantes ». Il reste que ce taux est encore plus élevé que celui de 39% qui frappe les jeunes non qualifiés dans l’ensemble du pays : on doit donc déduire que ce ne sont pas seulement les ZUS qui ont un problème, mais l’ensemble des zones avoisinantes.
En réalité, ce n’est pas la ZUS qui fait le chômeur, mais le jeune insuffisamment formé qui se retrouve en ZUS. Le niveau de diplôme y est très faible, et malgré une progression constatée depuis 10 ans, l’écart avec les territoires voisins s’accroît. Le Monde note cependant, ce qu’on ne trouve pas dans le résumé de l’INSEE, « quelques signes d’amélioration sur le front scolaire mis en avant par les experts ». L’écart de taux de réussite scolaire avec la moyenne française serait en baisse, « les ZUS souffrent moins que les autres territoires des réductions budgétaires » à travers les moyens accordés aux ZEP.
L’INSEE met d’abord en avant une réduction de la population vivant dans les ZUS identifiées : -0.3% par an contre une augmentation de 0.6% par an dans l’ensemble du pays.
Cette évolution n’est pas expliquée mais pourrait être le fruit de la destruction de grands ensembles immobiliers ingérables. On notera cependant que le raisonnement est à périmètre inchangé et qu’il est probable que certains territoires hors ZUS devraient maintenant y être inscrits et que d’autres en ZUS ne méritent pas ou plus d’y être.
Au final, la population vivant dans les ZUS se chiffre à un peu plus de 4 millions, soit 7% de la population.
Comme on pouvait s’y attendre, les ZUS regroupent une population plus jeune que la moyenne française, avec plus d’étrangers. Surtout, on y trouve un nombre élevé de familles monoparentales, dont on sait qu’elles sont en nombre importants chez les plus pauvres. Ce qui ne veut pas dire que les ZUS génèrent des ruptures de couples plus nombreuses (il n’y a pas ici de données sur ce point) mais probablement que les familles monoparentales se retrouvent facilement dans les ZUS en raison de leurs faibles moyens.
Le nombre de familles monoparentales mais sans doute aussi d’étrangers explique un taux d’activité féminin très bas : « 34,5 % des étrangères de 25 à 49 ans sont en emploi en ZUS, contre 60,0 % dans leurs unités urbaines et 76,2 % des Françaises du même âge des mêmes unités urbaines »
L’INSEE revient aussi sur la composition du patrimoine immobilier, avec un secteur HLM sur représenté, relativement ancien et dégradé. La politique de la ville a beaucoup investit dans ce domaine, ce qui explique peut être la baisse de la population des ZUS. On peut se demander si c’est le bon choix(cela coûte très cher) et s’il ne vaudrait pas mieux investir massivement dans le soutien scolaire et l’aide à la recherche d’emploi.
Le Monde publie un graphique qui montre que pour les habitants des ZUS la question de la délinquance est nettement plus importante que chez les habitants des quartiers voisins (53% contre 26%). Ce sont les pauvres qui sont les premières victimes de la délinquance des pauvres.
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