L’INSEE a publié vendredi 10 décembre une mise à jour des séries longues sur l’emploi et le chômage, qui permet un regard sur l’évolution de l’emploi depuis 35ans et parfois plus. Les schémas sont très éclairants et les chiffres offrent quelques surprises.
On se reportera utilement aux différentes figures, que je n’ai pas reproduites.
La figure 1 montre l’évolution de l’emploi depuis 1955. Le total des emplois est passé sur la période de 20.4 millions environ à 26 millions. Les explications de l’INSEE soulignent deux points fondamentaux : « Cette hausse traduit en premier lieu la progression de la population en âge de travailler. Sur cette tendance générale à la hausse se superpose l'effet des cycles conjoncturels"
Il n’y a rien à dire sur ces deux remarques majeures, Il faut cependant souligner que beaucoup de discours (et malheureusement de mesures) ne prenaient pas en compte le premier point. L’affirmation que le papy boom allait créer une pénurie de cadres m’avait notamment fait réagir il y a 4 ans.
L’INSEE note ensuite une évolution qui ne fait pas l’objet d’une figure : l’augmentation massive de la part du secteur tertiaire. En 1970, l’industrie, l’agriculture et la construction regroupaient ensemble 52% des emplois, un taux qui n’est plus que de 23% en 2009. Cette évolution s’explique pour une grande part par les importants gains de productivité réalisés, en particulier dans les deux premiers secteurs, mais aussi pour part par l’externalisation de certaines fonctions comme le gardiennage ou le nettoyage, qui conduisent à faire passer des emplois de l’industrie aux services aux entreprises.
L’INSEE note une autre évolution importante : l’augmentation de ce qu’elle appelle les formes particulières d’emplois, qui regroupe en réalité les emplois précaires. Passés entre 1982 et 2009 de 6.5% à 12.3% de l’emploi salarié, ils concernent en priorité les jeunes de moins de 25 ans, comme le montre de manière saisissante la figure 3.
Les figures 4 et 5 illustrent le resserrement de l’emploi autour du cœur en âge de la population active, c'est-à-dire 25/49 ans. La baisse du taux d’activité des plus jeunes est le reflet de l’augmentation de la durée d’études, alors que celle du taux d’activité des seniors est le reflet du choix de la lutte contre le chômage par la retraite à 60 ans et les pré retraites puis la dispense de recherche d’emploi.
La figure 5 illustre l’augmentation continue du taux d’activité féminin, passé entre 1975 et 2009 de 60 à 84% pour les 25/49 ans.
La figure 6 illustre l’évolution du taux de chômage. La courbe démarre un peu en dessous de 4% en 1975, mais les chiffres fournis par ailleurs montrent un niveau encore plus bas dans les années précédentes, avec un point bas à 2.1% en 1969.
La courbe augmente fortement de 1975 à 1995 (de moins de 4 à plus de 10%). On peut lire une fluctuation à haut niveau (entre 7.5 et 11% depuis 1983, ou si on veut faire preuve d’optimisme estimer qu’au-delà des fluctuations, la tendance est légèrement à la baisse puisque dans les années 90 les extrêmes sont 8 et 10.5% et que dans les années 2000 ils deviennent 75 et 9.5%.
On trouve aussi une série de 1968 à 2004 sur les taux de chômage par tranches d’âge et sexe selon les anciennes définitions du BIT, le tableau ci-dessous reprend les chiffres de quelques années clés, pour montrer la divergence des évolutions selon les âges. Les volumes sont en milliers, la deuxième colonne représente les taux
année |
16/24 ans |
25/49 ans |
50 ans et plus |
total |
||||
3-1969 |
170 |
3.7 |
153 |
1.3 |
123 |
2.5 |
447 |
2.1 |
3-1980 |
651 |
15.3 |
630 |
4.4 |
232 |
4.7 |
1513 |
6.4 |
4-1984 |
1020 |
24.7 |
1137 |
7.4 |
310 |
6.8 |
2466 |
10.2 |
1-1994 |
699 |
25.6 |
2067 |
11.3 |
338 |
8.3 |
3104 |
12.3 |
3-2004 |
614 |
22.5 |
1669 |
9.1 |
457 |
7.2 |
2740 |
10.0 |
Au 3ème trimestre 1969, les 179 milliers de chômeurs se répartissent quasiment à égalité entre les 16/25 ans, les 25/49 ans et les 50 ans et plus
Onze ans plus tard, en 1980, la situation s’est fortement dégradée, le chômage total a plus que triplé mais il a plus que quadruplé pour les 25/49 ans, presque quadruplé pour les plus jeunes et a peine doublé pour les seniors
En 1984, toujours par rapport a 1969, le chômage total est multiplié par plus de 5, celui des 25/49 ans par 7.5, celui des jeunes par 6 et celui des seniors par 2.5. En volume, les chômeurs de 25/49 ans sont devenus plus nombreux que les jeunes chômeurs depuis le 1er trimestre 1981
En 1994, le taux de chômage des plus jeunes a encore augmenté d’un point, mais le volume est en nette baisse, pour cause de poursuite massive des études. Le nombre des chômeurs de 25/49 ans a encore très fortement augmenté en 10 ans (presque un doublement). Alors que les seniors représentaient un bon quart des chômeurs en 1969, ils n’en représentent plus qu’à peine 11%
En 2004, le nombre de chômeurs a globalement baissé, en pourcentage à tous les âges. L’augmentation du nombre de seniors chômeurs en volume alors que le taux baisse reflète l’arrivée des classes nombreuses du baby boom.
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