Invoquer un pacte social qui serait mis à mal quand son intérêt individuel est menacé est un argument apprécié par de nombreux français. Il est vrai que cela fait plus noble et collectif, mais est ce que cela change fondamentalement la situation ?
Un des commentateurs de mon article précédent, explique que les changements prévus par la réforme des retraites, que mon esprit bassement comptable (tiens pourquoi pas petit bourgeois ?) trouve faibles « sont essentiels car relatif au pacte social ». Lequel ? passé par qui et de quel manière ? On ne le saura pas, mais cela fait beaucoup moins mesquin que de vouloir passer de nombreuses années de retraites aux frais des jeunes générations !
Je me souviens avoir lu des arguments du même ordre de la part de cheminots qui expliquaient doctement que lors de leur entrée à la SNCF il y a bien longtemps, la règle était le départ à 50 ou 55 ans, et qu’on ne pouvait renier cette promesse. Que ceux qui devaient la financer ne soient pas nés à l’époque ne changeait rien à l’affaire. Par contre, il n’était pas question de revenir aux conditions de vie de l’époque lointaine de leur embauche. Les années de gain d’espérance de vie, la hausse considérable du revenu, cela s’était acquis ! Face je gagne, pile tu perds…
Mais les tenants du pacte social qui garantit la retraite à 60 ans, n’hésitent pas à proposer des hausses de cotisations pour les jeunes actifs ou des hausses d’impôts pour les hauts revenus. Il faut croire que cela ne fait pas partie du pacte social, et qu’on a le droit de faire des conditions plus défavorables, du moment que c’est pour les autres !
Et pourtant, s’il y a bien un sujet où on peut évoquer un pacte social, c’est bien celui des retraites : le principe de la répartition consiste pour les actifs à payer pour les retraités, en comptant sur le fait que les générations suivantes devenues actives paieront à leur tour pour les actifs devenus retraités.
Si le principe général peut être qualifié de pacte social, un pacte qui tient le coup depuis 65 ans, il n’en est pas de même des modalités, qui ont fait l’objet de nombreuses modifications, par exemple avec la création des retraites complémentaires puis avec leur généralisation, sous l’égide de l’AGIRC ARRCO.
Parmi les modalités qui ont évolué, il y a bien sûr ce qui a été fait en 1982, en 1993 en 2003 ou en 2009. Mais n’oublions pas toutes les évolutions du montant des cotisations qu’il a fallu faire pour augmenter le niveau des retraites et suivre l’augmentation du poids des retraités dans la population.
Alors, non la réforme actuelle, quelque soit ce qu’on puisse en penser, ne change pas plus le « pacte social » que les changements précédents ne l’ont fait. Par contre, il est légitime de se demander si faire entrer l’impôt dans le financement de la retraite (et pas seulement de l’APSA) ,n’est pas un changement fondamental du pacte social ! Parce qu’alors, c’est le principe structurant du système qui serait modifié. Et il ne pourrait l’être légitimement que si le système abandonnait son caractère corporatiste et devenait un système universel. Mais il n’est pas sûr que ceux qui bénéficient d’un système plus favorable que le régime général aient envie de cette évolution!
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