Comment va se terminer le bras de fer dans lequel sont engagés le gouvernement et les organisations syndicales sur le dossier des retraites ? Difficile de le dire, tant la détermination semble forte des deux cotés. Dans les deux cas, le symbole semble devenu plus important que le fond
Le gouvernement veut montrer que sur ce dossier au moins, il est allé au bout d’une réforme, et dans ce cas, malgré son coté impopulaire. L’ampleur des manifestations ne peut dans cette perspective que donner plus de valeur à la réussite.
Il faut dire qu’en effet, ce gouvernement semble avoir voulu lancer de très nombreuses réformes depuis sa mise en place il y a 3 ans et demi, et que beaucoup de ces réformes se sont enlisées dans les sables, comme l’ont fait remarquer Cahuc et Zylberberg
Du coté des manifestants et des syndicats, on s’arque boute sur le symbole de la retraite à 60 ans, quand beaucoup de gens, et les responsables syndicaux en premier, savent bien qu’il faudra se décider à travailler plus longtemps.
Il est difficile de savoir qui l’emportera. Le gouvernement aura bientôt pour lui le fait accompli, avec une loi votée dans les mêmes termes. Mais une réforme dont la mise en œuvre réelle aura lieu après les élections de 2012, et qui risque donc de passer à la trappe au cas fort probable aujourd’hui où la gauche arrive au pouvoir.
Du coté de l’opposition syndicale, la force reste impressionnante, avec un nombre élevé de manifestants malgré les journées d’action à répétition, avec un axe CGT/ CFDT qui reste solide et avec une popularité du mouvement dans le pays aussi élevée que celle du président Sarkozy est basse.
Mais il se pourrait bien que la défaite soit des deux cotés, avec un gouvernement qui n’arrive pas à redresser son image d’ici 2012, et avec un âge de la retraite qui dépassera d’une façon ou d’une autre le seuil symbolique des 60 ans
Mais peut être ce qui se passe dépasse t-il les seuls symboles, fussent-ils particulièrement importants. Dans une tribune remarquable parue dans le Monde daté du 21 octobre, le philosophe Robert Rederer explique que la retraite dorée est le mythe qui a remplacé en France les mythes disparus de la religion et du communisme, mais que les manifestations sont en fait comme le cortège funèbre d’un mythe social bien français.
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