Faire du grand Paris la ville monde la plus agréable à vivre, cela signifie quoi, est ce utile, et pour qui, voilà quelques questions qu’on peut se poser face au projet de loi défendu par Christian Blanc cette semaine. Alors, allons y !
Dans son discours de mardi à l’Assemblée Nationale, qu’il nous a remis lors de notre rencontre, Christian Blanc fait explicitement référence à Fernand Braudel et son concept de ville monde. La question qu’il pose est de savoir comment Paris peut être une des villes monde du 21ème siècle, comme l’ont été dans le passé décrit par Braudel, Venise, Anvers, Gênes,Amsterdam ou Londres.
Les villes
monde, centre d’une économie monde, sont celles qui dominent par leur activité
et leur poids dans l’économie et da dynamique, à l’opposé de celles qui
subissent la loi des premières.
Rien ne permet de comprendre dans
les propos du secrétaire d’Etat qu’il s’agisse de supplanter New York, Shanghai
ou Londres, de remettre le cœur de l’économie en Europe plutôt qu’autour du Pacifique.
Il s’agit plutôt de la conception européenne traditionnelle de recherche d’un
monde poly centré, l’Europe en étant un des centres. Il ne s’agit pas de
prendre la place d’une des villes monde, il s’agit de faire partie du club pour
rester maître de son avenir.
Christian Blanc fait un lien
direct entre le fait d’être une ville monde et le taux de croissance
économique. Il note que le rythme de croissance de notre pays, celui de la
région parisienne est faible par rapport aux régions les plus dynamiques, y
compris celles qui ne sont pas dans des logiques de rattrapage comme en Chine
ou en Inde.
La conséquence de ce rythme faible, c’est la difficulté à financer nos prestations sociales. Ce n’est pas une idée nouvelle pour Christian Blanc : c’est la même qui l’a poussé à entrer en politique en 2001, à proposer les pôles de compétitivité en 2004, à participer activement au rapport Pébereau en 2006.
Mais une autre conséquence me
parait claire : c’est le processus de dé qualification des salariés, en
commençant par les plus jeunes. Faute d’une économie basée sur la stratégie de
Lisbonne, qui favorise le développement par l’innovation, l’économie française
ne crée pas les postes qualifiés qu’elle pourrait pourvoir grâce à
l’augmentation du nombre de diplômés.
Le mauvais fonctionnement de
l’économie se traduit par la baisse des revenus à diplôme égal dont les études
de Gary Bobo ont montré l’existence dans le cas des enseignants, et dont j’ai
montré qu’il s’agit d’un phénomène général. Il se traduit par du déclassement
pour beaucoup de titulaires d’une licence voire d’un Master, et une faible
chance de devenir cadre un jour.
Réussir à augmenter
significativement le taux de croissance économique de la région serait donc
globalement favorable. A ce stade du raisonnement, il n’y a pas de perdants
identifiés, l’ensemble de la population pouvant être gagnante
Cette croissance est elle
raisonnable à l’heure où certains prônent la décroissance pour raisons
écologiques ? Cela dépend bien sûr en partie de la manière dont elle est
faite, et à cet égard la réalisation d’un métro est probablement plus
pertinente que celle d’une autoroute !
Cela dépend aussi de la manière dont se fait l’urbanisation :
on y reviendra, mais le vrai risque écologique pour la région Ile de France,
c’est la continuation du mitage de l’espace par le développement de la maison
individuelle dans les départements de l’Essonne, le Val d’Oise, la Seine et
Marne ou les Yvelines. Le projet du grand Paris offre une alternative réaliste
à ce schéma.
Il faut aussi comprendre vers
quoi se fait la croissance dans la société de la connaissance. De la même
manière que les besoins alimentaires ne peuvent être multipliés à l’infini, le
besoin en objets manufacturés comme l’électroménager trouve sa limite. Le développement
de dépenses, c’est d’abord dans les services qu’il se fait aujourd’hui, par
exemple les services à la personne.
Il existe cependant encore des besoins en produits manufacturés, souvent des objets à haute valeur ajoutée et faible poids, et je vais en prendre un exemple : un appareil auditif qu’un mal entendant met dans son oreille est facturé aujourd’hui plus de 1000 euros pièce, pour un appareil qui fait à peine plus qu'un centimètre cube!
. Le vieillissement de la population (sans compter la manière dont une génération s’est massacrée les tympans avec son walkman) va augmenter très fortement le besoin de ce genre d’appareil pour lequel des progrès techniques sont régulièrement fait. C’est aussi cela la société de la connaissance !
Le projet du Grand Paris prend
des moyens pour réussir cette croissance et pour en gérer les conséquences.
Réussir la croissance, c’est
dynamiser les pôles de compétitivité de la région parisienne, en commençant par
une structure spécifique pour celui qui a le plus gros potentiel, le plateau de
Saclay et en facilitant les relations physiques avec le reste de la région mais
aussi les autres pays du monde pour chacun de ces pôles, par la création d’un
métro automatique rapide
Gérer les conséquences, c’est
notamment donner aux franciliens les moyens de se loger et de se déplacer dans
de meilleures conditions qu’aujourd’hui, par un réseau de transport amélioré,
par des la construction de logements bien placés.
J’y reviendrais
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