Les chiffres de l’espérance de vie montrent les résultats calamiteux de l’empire soviétique dans le domaine de la santé. Les choses ne sont pourtant pas univoques : alors que les pays d’Europe rattrapent aujourd’hui leur retard à toute vitesse, la Russie stagne aujourd’hui dans ce domaine, où Cuba se distingue par contre par ses bons résultats.
L’après guerre avait vu de très gros progrès de l’espérance de vie en Russie, permettant à celle ci de rattraper la France dans ce domaine à l’aube des années 60. Il est vrai qu’il « suffisait » de mesures assez faciles à planifier : tout à l’égout et eau courante potable pour les bases d’hygiène, vaccination systématique et utilisation des antibiotiques pour éradiquer les maladies les plus courantes, formation d’un corps médical correct pour faire baisser très fortement la mortalité infantile. Les progrès réalisés l’ont été depuis dans la plupart des pays, à l’exception notable de l’Afrique subsaharienne.
L’espérance de vie continue à augmenter dans les années suivantes en France et dans les autres pays développées, au rythme impressionnant de 3 mois par an. En Russie et dans les autres pays du bloc de l’Est à des degrés divers (la situation est moins défavorable dans les pays les plus proches de l’Ouest), l’élévation de l’espérance de vie se ralentit fortement, au point que la tendance finit même par s’inverser au milieu des années 70 !
En France, l’augmentation de l’espérance de vie est surtout due à la lutte contre le cancer et les maladies cardio-vasculaires et sans doute aussi à une amélioration des conditions de vie et d’hygiène (les décès par intoxication alimentaires diminuent régulièrement par exemple). Le système de soin russe ne s’adapte pas à cette deuxième étape de progrès. Par contre, l’alcool et la violence font des ravages. Et certains attribuent une partie importante des problèmes de santé à la forte dégradation de l’environnement
La fin de l’ère soviétique s’est traduite pour les pays qui ont rejoint l’UE par un phénomène de rattrapage, puisqu’ils gagnent environ 4 mois d’espérance de vie par an ! La Russie est au contraire à la traîne : les efforts payants faits du temps de Gorbatchev pour lutter contre l’alcoolisme ont été abandonné ensuite (notamment par Boris Eltsine, étonnant non ?) et le système de soin a été soumis à rude épreuve lors du passage au capitalisme.
Quelques mots sur Cuba : l’espérance de vie y est une des plus fortes de l’Amérique latine, très proche de celle des USA. Pourquoi ? Je ne sais pas, et je ne sais pas non plus si les chiffres sont falsifiés ou non.
La comparaison entre les deux Allemagnes est très intéressante. Jusqu’au début des années 70, l’espérance de vie était plus forte d’environ 0,5 ans en RDA. Une étude de 1985 explique cet écart par les efforts de prévention faits en RDA et par le fait que le système de santé était gratuit pour tous. Cependant, à partir des années 1975, la progression de l’espérance de vie se ralentit fortement en RDA, au point qu’au moment de la réunification, l’écart en faveur de la RFA est d’environ 2.5 ans ! L’écart n’était plus que de 1 an en 1999, 10 ans après la chute du mur.
Contrairement à la RFA, la RDA n’a su ni lutter contre les méfaits grandissants des phénomènes de société (tabagisme ou pollution industrielle) ni réduire les mortalités d’origine cardio-vasculaire. On notera pour finir que l’échec est relatif : c’est l’écart avec les pays de l’ouest qui le mesure. Il apparaît quand les problèmes deviennent plus complexes, quand il faut passer à une société ultra moderne.
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