Après la réunification allemande, l’enquête sur la Stasi a montré à quel point la RDA avait espionné ses propres compatriotes. Le rejet des libertés dites bourgeoises s’est traduit dans les démocraties populaires par la mise à l’écart, parfois physique, de tous ceux qui n’avaient pas les bonnes opinions.
La Stasi (ministère de la sécurité d’Etat) comptait 91 000 agents officiels et 175 000 informateurs (pour 17 millions d’habitants). Pour amasser des masses d’informations sur chacun de ses habitants, la Stasi emploie donc 1.5 personnes pour 100 habitants !.
Le Cambodge a montré avec les Khmers Rouges jusqu’où pouvait aller la folie d’une idéologie qui voulait transformer l’homme sans se laisser arrêter par les moyens pour y arriver.
Les pays d’Europe de l’est n’ont pas été dans ces excès, ni même dans ceux connus par l’Union Soviétique entre les deux guerres. Mais ils ont connu les procès de ceux qui n’avaient pas choisi le bon positionnement.
Malgré leur affirmation d’être dirigés par le parti de la classe ouvrière, les pays de l’est connaîtront les révoltes ouvrières. Les émeutes de juin 1953 à Berlin Est (en réaction à une augmentation des quotas de production pour des travailleurs construisant le boulevard Staline) sont réprimées dans le sang par la troupe russe. Il y ensuite 1500 arrestations et 600 000 exclusions du parti (le SED) !
En Pologne, les émeutes ouvrières de 1956 à Poznan, celles de 1970, annoncent la naissance de Solidarnosc en 1980, à partir de grève dans le chantier naval de Gdansk.
Mais bien sûr, la liberté la plus spectaculairement bafouée est celle de circuler entre les deux Allemagnes, avec la construction du Mur de la Honte, et l’ordre donné aux soldats d’abattre toute personne qui tenterait de le franchir.
Ce qui se passe en Pologne avec l’Eglise catholique, les deux témoignages que je publie, montrent que la religion est tolérée mais que les pratiquants sont mal vus et défavorisés par le régime.
Évidemment, l’information est étroitement contrôlée, les journaux et autres médias sont chargés de faire la propagande du régime, en affichant une vérité (le sens du mot Pravda) à sens unique.
Il y a bien des élections, mais en raison du rôle prééminent du parti communiste prévu par la constitution, elles ne servent qu’à valider la désignation des candidats officiels. Le syndicat est le bras armé du pouvoir (du moins jusqu’à l’arrivée non désirée de Solidarnosc en Pologne. Le droit d’association, pfff….
Les décisions importantes ne sont pas prises par le président ou le premier ministre, mais par le premier secrétaire du parti ; On verra d’ailleurs lors de l’éviction d’Honecker, que la procédure de changement du pouvoir se fait d’abord au niveau de la direction du parti avant d’être répercuté dans les instances de direction du pays.
En résumé, les démocraties populaires n’ont aucune des caractéristiques des démocraties pluralistes, choix assumé d’un régime qui veut à la suite de Rousseau le pouvoir du peuple et à la suite de Marx, de son avant-garde, le parti communiste.
Le résultat de cet absence de pluralisme, ce n’est pas seulement l’impossibilité des citoyens de vivre comme ils l’entendent, c’est aussi l’impossibilité pour la société, pour le système, de se critiquer, de se réformer, de s’adapter. C’est de l’incapacité à se remettre en cause à temps, à gérer le changement que viendront les échecs du régime et au final sa disparition.
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