Les résultats trimestriels meilleurs que prévus des grandes banques américains ont entraîné une nette hausse du CAC 40 la semaine dernière. En Allemagne, c’est le gouvernement qui reproche aux banques d’étrangler les entreprises par des crédits très coûteux. En France, c’est surtout le contribuable qui risque de trinquer.
Mon ami Jean Yves m’ayant expliqué les problèmes rencontrés par les unes et les autres, je ne pouvais priver d’informations mes fidèles lecteurs.
Mais pour commencer, il faut rappeler ce qui fait l’équilibre économique d’une banque de dépôt.
Le taux de son financement
Le taux de ses prêts
Le taux de défaillance de ses prêts
Ses coûts de fonctionnement
Par exemple, si elle emprunte à 2% et prête à 5%, la somme du taux de défaillance annuel de ses prêts et de ses coûts internes annuels ne doit pas dépasser 5-2 soit 3% du montant des prêts
En Allemagne, le financement des entreprises était essentiellement réalisé par des banques régionales. Leurs capitaux publics leur permettaient de bénéficiera de la garantie de l’Etat allemand et par ricochet, des conditions de crédit les plus favorables, celle qui sont réservées aux Etats.
En 2003, Bruxelles s’est émue de cette distorsion de concurrence par rapport aux autres banques et a enjoint d’y mettre fin, en donnant 5 ans aux banques pour s’y adapter.
Ces banques ont donc quasiment toutes décidé de profiter des 5 ans en question pour se préparer. Elles ont emprunté massivement aux conditions très favorables qu’elles avaient encore provisoirement et investi cet argent dans des prêts plus rémunérateurs, non pas auprès de leurs clients (qu’elles continuaient à approvisionner par ailleurs) mais sur le marché. Pour profiter du plus fort différentiel de taux, elles ont souscrit à des titres à risques, dont ceux des subprimes. Résultat, elles sont en 2008 massivement victimes de la crise. Si elles n’ont pas failli grâce à l’intervention de l’Etat, il leur faut aujourd’hui reconstituer leurs fonds propres, au moment où elles ne peuvent plus recourir à la garantie de l’Etat pour leur financement. La conclusion est évidente : des taux de crédits élevés ! A signaler que l’équivalent allemand de la Caisse des Dépôts est dans la même situation.
En France, les banques ont de la même manière besoin de renforcer leurs fonds propres. Si elles bénéficient aujourd’hui des bas taux du marché, l’Etat leur a fait une grosse fleur. Pour éviter que les PME se retrouvent sans trésorerie, l’Etat a demandé à OSEO de financer celles qui en avaient besoin, et l’a fait largement savoir. Le résultat, logique, est que les banques sont devenus beaucoup plus prudentes, et que tous les crédits un peu risqués sont assurés par OSEO ! Le taux de défaillance des clients des banques sera donc faible ces prochaines années, par contre OSEO risque fort d’avoir de très mauvais résultats ces prochaines années, et il faudra bien que d’une manière ou d’une autre l’Etat la renfloue (probablement après avoir blâmé les mauvais choix des responsables, qui en réalité sont de son fait)
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