Théoriquement la gauche porte haut des valeurs de solidarité et la droite défend l’individu potentiellement écrasé par le collectif. En pratique, l’idéologie sert souvent dans les deux cas à masquer de purs intérêts égoïstes. La lecture du journal de ce soir en donne trois beaux exemples.
On apprend ainsi que le gouverneur républicain de la Californie a du s’appuyer sur une majorité démocrate et sur quelques rares élus républicains (6) pour faire passer un budget adapté à l’endettement important de l’Etat de Californie.
Pour les républicains, une seule chose devait caractérisé le budget : les baisses d’impôts. On imagine assez bien ce que cela peut signifier pour un Etat déjà en déficit : des coupes massives dans les dépenses collectives. On concevra que c’est prioritaire alors que le chômage a doublé en 2 ans et se situe à 9.3% nettement plus haut que la moyenne nationale.
Les 6 élus qui ont «trahi » leur parti ne l’ont d’ailleurs fait que parce que le budget comportait des aides fiscales ciblées sur les petites entreprises et les sociétés de cinéma locales.
Les riches qui financent le parti républicain ne veulent surtout pas toucher à leurs privilèges et à leur obsession de trouver des placements rentables pour être encore plus riches.
En France au même moment, on apprend que le Parti Socialiste part en guerre contre les projets de la commission Balladur sur les collectivités territoriales. Ces projets sont beaucoup trop timides à mon goût puisqu’ils ne remettent pas en cause le nombre de niveaux territoriaux (commune, groupement de commune, département et région). Mais ils conduisent à diminuer le nombre d’élus et à restreindre les compétences de chaque niveau pour éviter les interventions multiples.
Le Parti Socialiste accuse le gouvernement de s’attaquer aux collectivités territoriales parce qu’elles sont très majoritairement à gauche. Mais quand on gratte un peu, on s’aperçoit que la gauche est plus divisée sur le sujet qu’il ne parait, et que les opposants au projet se trouvent dans tous les partis. En réalité, sous des prétextes divers, les élus ne défendent ici qu’une chose : leur place.
Troisième situation et troisième sujet, la Suisse et la rougeole. Une étude internationale pointe du doigt le fait que 27% des cas de rougeole signalés en 2006 et 2007 en Europe proviennent de la petite Confédération Helvétique. Pour une raison simple, on y vaccine moins qu’ailleurs.
Les études prévoient qu’au-delà d’un taux de 95% de personnes vaccinés, la maladie ne pourrait se transmettre et serait donc éradiquées à terme. Dans le cas de la Suisse, cela signifie la disparition des cas encore rencontrés il y a 50 ans, avec un mort par semaine et un cas sur 1000 se traduisant par des séquelles importantes.
Mais il se trouve que le vaccin a parfois aussi des conséquences gênantes, avec un cas de réaction sévère de type encéphalite pour un million. Au niveau collectif, le calcul est vite fait : pour un pays de 7.5 millions d’habitants comme la Suisse, il vaut mieux 7 à 8 cas sévères par an que 50 morts et quelques milliers de cas de complications sévères.
Mais pour un individu isolé, le calcul peut être différent : si je ne vaccine pas mon enfant, il ne risque pas de faire partie des un cas sur un million. Et si les autres parents vaccinent leur enfant, le mien ne risque pas non plus de faire partie des quelques cas mortels ou à séquelles graves. Si ce n’est pas du pur égoïsme, je ne sais pas comment cela s’appelle. Mais bien sûr, tout cela n’est pas dit comme cela mais est recouvert d’un beau discours idéologique sur la médecine naturelle.
Le problème, est que le nombre d’adeptes égoïstes des méthodes naturelles est trop important pour éradiquer la maladie, le taux de vaccination se situant autour de 93% dans le canton de Vaud, considéré comme un bon élève, et plus bas dans d’autres cantons, notamment alémaniques. Le résultat est que la rougeole circule encore. Elle a notamment frappé dans une école Steiner, école appréciée dans les milieux alternatifs. Si on concentre les enfants non vaccinés au même endroit, on prend évidemment plus de risques…
Depuis deux ans, 7 personnes sont décédées de la rougeole dans l’UE. Une jeune suisse est morte au début du mois. « Au total soulignent les autorités, le pays a enregistré 3 380 cas, qui ont affecté presque exclusivement (93%) des patients non vaccinés. Cette épidémie a déjà entraîné plus de 500 épisodes de complications, 250 hospitalisations, 143 pneumonies et 8 encéphalites ».
A droite aux USA, à gauche comme à droite en France, à gauche en Suisse, l’égoïsme était signalé un peu partout ce soir dans mon journal habituel !
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