69% des français auraient l’intention de réduire leurs dépenses en 2009 et peu semblent avoir l’intention de les augmenter. La crise toucherait elle massivement les français ou bien s’agit il d’une réaction de précaution face à un environnement dépressif ? Ou est ce plus compliqué ?
Pour répondre à cette question, il faut savoir de quelle crise on parle. Celle qui a commencé il y a plus d’un an avec l’éclatement de la bulle des subprimes et l’épuisement de la période de forte croissance dans le monde ? La crise pétrolière avec son envolée des prix ? ou la crise financière qui a éclaté il y a quelques mois ?
Bien sûr, tout cela se mélange ! Alors contentons nous de la distinction entre ce qui était majeur au premier semestre 2008, c'est-à-dire l’envolée des prix du pétrole et ce qui a été majeur au second semestre, c’est à dire la crise financière.
La multiplication des prix du pétrole avait touché peu ou prou presque tous les français, consommateurs de carburants mais plus spécifiquement ceux qui se chauffent au fuel. Les principales victimes étaient cependant ceux qui consomment beaucoup de carburant pour des raisons professionnelles (pêcheurs, agriculteurs, taxis…) ou personnelles (les rurbains par exemple). La conséquence sur ces populations du reflux des prix fait beaucoup moins de bruit que la montée précédente !
Apparemment, la crise financière touche de la même manière tous les Français, du moins si on croit les discours en cours sur la crise ou le sondage du JDD. En réalité, il n’en est rien, les victimes étant beaucoup plus ciblées. Et elles se situent aux deux bouts de la hiérarchie sociale.
En effet, les victimes les plus indentifiables de la crise financière sont les détenteurs d’un patrimoine d’actions, qui ont vu celui-ci se rétrécir fortement. Dans la plupart des cas, cette diminution de leur fortune (qui va sans doute réduire leur ISF !) n’a guère d’impacts sur leur revenus. Il y a aussi les spécialistes de la finance, dont j’ai déjà parlé.
Mais ceux qui souffrent le plus sont ceux qui perdent leur travail, en premier lieu les intérimaires, notamment ceux de l’industrie automobile. Même s’ils se comptent en centaines de milles, ils ne représentent que quelques petits pour cent des ménages.
Au-delà, sont aussi perdants, ceux dont le travail est lié aux deux secteurs qui baissent le plus, l’automobile et l’immobilier : dans l’automobile, ceux qui sont soumis au chômage partiel perdent plus s’ils travaillent chez des sous traitants (qui ne les dédommagent que très partiellement) que chez les grands constructeurs (qui les dédommagent presque entièrement). Mais on peut penser que sont aussi touchés ceux dont les revenus sont liés au volume de vente dans l’automobile ou les transactions immobilières,
Il est plus difficile de prévoir la manière dont les commerçants en général seront touchés : si les français diminuent leur consommation, cela affectera plus les dépenses faciles à baisser que celles qui sont indispensables, l’alimentation par exemple. Pourtant, on nous annonce que les parcs de loisirs ont fait une très bonne année 2008 !
L’ambiance générale fait penser à tous les Français qu’ils doivent courber la nuque et se restreindre. En réalité, il semble que seule une petite minorité soit vraiment touchée, mais qu’elle le soit très sérieusement. La prise de conscience de ce fait est une des conditions de la reprise de la consommation, et donc de la reprise tout court. Dans combien de mois ?
Mais peut être faut il lire autrement le sondage ? Après tout, les questions étaient très orientées ! Comment dire à un sondeur que non, malgré la crise, nous ne comptons pas diminuer nos dépenses ? Dans ces conditions, ceux qui répondent « probablement » (37%) sont ils réellement à agréger à ceux qui répondent « certainement » (32%) ?
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