Le secteur financier licencie massivement aux USA : l’emploi dans le secteur pourrait passer de 6.3 millions de salariés à 5.6 millions. Le phénomène touchera aussi l’Europe, même si c’est de manière moins violente. Verra t-on des cohortes d’anciens banquiers ou traders au chômage de longue durée ?
En France, la banque traditionnelle va plus probablement freiner l’embauche que procéder à des licenciements. La pyramide des âges du secteur (qui a beaucoup embauché dans les années 60/70, au moment où le compte bancaire est devenu incontournable pour toucher un salaire et où les banques ont développé leur réseau d’agences) le permet, même si le recul progressif de l’âge réel de fin de carrière limite les départs depuis quelques années.
Dans la banque d’investissement, chez les traders, par contre il y a et il y aura des plans de licenciements. Mais ces plans ne se traduiront pas par une multitude de chômeurs de longue durée. Comme on l’oublie trop souvent, surtout quand les médias veulent faire pleurer dans les chaumières, il est possible que les personnes licenciées retrouvent un emploi, même en temps de crise !
La plupart des PSE( plans de sauvegarde de l’emploi comme on le dit sans rire) se font en France sur la base du volontariat. Du moins dans un premier temps : si le nombre de volontaires se révèle insuffisant au bout d’une certaine période (par exemple 6 ou 8 mois), l’entreprise concernée passe aux licenciements « forcés ». Il semblerait qu’aujourd’hui, le nombre de volontaires soit suffisant dans ce secteur pour qu’il n’y ait pas besoin de passer à cette deuxième phase plus dure.
Cela n’a en fait rien d’étonnant. Les personnes concernées sont généralement fortement diplômées, dans des spécialités demandées sur le marché dans de nombreux secteurs. Et on observera que les traders sont jeunes. Or , il y a deux raisons qui font que la moyenne d’age est faible dans un secteur : soit il s’agit d’un secteur récent (voir les sociétés Internet par exemple) ; soit il s’agit d’un lieu de passage et d’apprentissage pour les plus jeunes : le secteur du conseil en est un parfait exemple. Le milieu des traders est manifestement dans le second cas. C'est-à-dire qu’il y a depuis longtemps des opportunités d’emplois pour un trader ayant un peu d’expérience et qui veut quitter la vie de fou que cela représente.
Mais cette réalité perdure t-elle dans des périodes de crise et de disparitions massives d’emplois ? En tous les cas, elle perdure aujourd’hui. D’une part, parce qu’on ne peut pas parler de pertes massives d’emplois (12 800 emplois pertes nettes en France au troisième trimestre, soit un sur 2000 !). Ensuite parce que les pertes nettes sont la différence entre créations et destructions, et que les créations restent nombreuses (plusieurs centaines de milliers par mois, dont beaucoup de précaires il est vrai).
La réaction spontanée quand on apprend qu’une entreprise va supprimer de nombreux emplois est de penser que les personnes concernées vont se retrouver au chômage pour longtemps. Or ce n’est pas forcément vrai. Cela dépend de beaucoup de choses : de leur âge et qualification individuellement, du secteur et de la zone géographique collectivement. Quand Moulinex a fermé, le risque était élevé car les salariés étaient assez âgés et pour beaucoup peu qualifiés, l’emploi était relativement rare dans la région, au moins au regard du volume à absorber. La fermeture de Marks et Spencer en plein Paris, pour un métier (vendeur) assez demandé, ne posait pas du tout les mêmes problèmes. D’ailleurs, plus de 90% des salariés ont préféré toucher la prime de licenciement alors qu’il y avait un repreneur qui leur proposait de les garder.
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