L’année qui vient de s’écouler sera-t-elle plus tard considérée comme un tournant pour le syndicalisme ? Ce n’est pas impossible, tant elle a été riche d’événements pouvant avoir une forte conséquence à long terme.
En ce début d’année 2009, ce sont bien sûr les élections prud’homales et les négociations de fin d’année (sur la GPEC, le formation et l’assurance chômage) qui viennent à l’esprit, car ce sont les événements les plus récents. Mais il ne faut pas oublier que l’année 2008 a été marquée en janvier par l’accord sur la modernisation du travail (créant la rupture conventionnelle) puis le 9 avril par la « position commune » qui débouchera en juillet sur une loi sur la représentativité. Le gouvernement fera l’affront aux syndicats d’introduire dans cette dernière loi un texte sur le temps de travail. Et on n’oubliera pas dans ce tour d’horizon l’échec de la négociation sur la pénibilité.
Aux élections prud’homales du 3 décembre, un salarié sur 4 seulement a voté : ils étaient encore un sur 3 en 19978 et 2002. La faiblesse syndicale est mise à nu!. Le scrutin a été marqué par les progrès des syndicats les plus contestataires (CGT et SUD) ou corporatistes(CGC et UNSA), une année par ailleurs très favorable à la négociation interprofessionnelle !
Dans une certaine mesure, le gouvernement a favorisé la négociation entre partenaires sociaux, notamment en reprenant sans les modifier les conclusions de celle-ci sur la rupture conventionnelle et sur la représentativité. J’ai suffisamment écrit sur ce blog que les décisions unilatérales du gouvernement (de la gauche en particulier) dans le domaine social tuait le syndicalisme pour ne pas m’en réjouir.
Ceci dit, il l’a fait à sa manière. D’une part en n’hésitant pas à heurter de front les syndicats et en particulier la CFDT sur le temps de travail (rien ne l’obligeait à mêler ce thème à la loi sur le représentativité) . D’autre part en ayant un fort rôle d’aiguillon pour que les partenaires sociaux négocient et aboutissent. Le deal était clair : le gouvernement veut légiférer sur tel thème, il donne aux partenaires sociaux du temps (mais pas trop !) pour se mettre d’accord. S’ils le font, il reprend leur texte, s’ils ne le font pas, il légifère seul. D’une certaine manière, Martine Aubry avait agi de la même façon sur les 35 heures.
Evidemment, cela donne dans la négociation plus de force au camp qui se pense soutenu par le gouvernement, les syndicats de salariés en 1997 et les syndicats patronaux cette année. Les résultats des négociations sur la rupture conventionnelle, la représentativité ou la GPEC sont cependant tout à fait acceptables pour le cédétiste que je suis. Mais on peut se dire que l’échec de la négociation sur la pénibilité reflète l’assurance pour le patronat d’être soutenu par le gouvernement sur le sujet : la position d’une gauche au pouvoir aurait sans doute était différente.
Tout cela aura-t-il demain un impact sur le syndicalisme et lequel ? C’est évidemment difficile de le dire. La différence entre la participation aux prud’homales et celle constatée aux élections professionnelles est là pour rappeler que le syndicalisme se joue sur le terrain. Les grandes négociations interprofessionnelles, surtout sur des sujets de règles de la vie au travail, sont probablement vécues de très loin par les salariés.
A la limite, la mise en place de la rupture conventionnelle, diminue le rôle syndical dans l’entreprise. Hier, j’étais sollicité par les salariés qui voulaient quitter mon entreprise mais qui avaient besoin du parachute des Assédic, et qui me demandaient une aide face au DRH. Maintenant, l’existence de la rupture conventionnelle facilite le dossier qui ne passe plus par moi. Après tout tant mieux, l’objectif est que cela se passe bien et non que je serve à quelque chose.
La réforme de la représentativité va-t-elle faire évoluer le paysage syndical ? La fusion annoncée entre l’UNSA et la CGC en est une première conséquence, mais elle n’est pas encore faite. Une de mes amies a conseillé à François Chérèque de proposer la fusion globale aux syndicats réformistes. Cette solution qui simplifierait radicalement le paysage syndical me parait une excellent idée, mais apparemment, ce n’est pas mûr !
A défaut de grandes manœuvres immédiates, les résultats des élections professionnelles des 4 prochaines années, entreprise par entreprise, branche par branche, vont être cruciales pour les syndicats et leurs délégués locaux qui risquent de perdre leur place à la table des négociations s’ils n’atteignent pas les objectifs prévus par la loi.
Mais aujourd’hui, c’est 2009. Le gouvernement avait prévu de demander une négociation par branche sur l’emploi des seniors, sous peine de sur cotisation en 2010. La situation économique et de l’emploi va-t-elle reporter un projet qui va à l’encontre des habitudes de notre pays : traiter les problèmes d’emploi par le départ en retraite ? Comment vont réagir les partenaires sociaux si le gouvernement persiste ? A voir !
2009, c’est aussi dans mon
entreprise les élections professionnelles, prévues début mars. Il faut que je
prépare la liste que mon syndicat va présenter !
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