Philippe Marini, sénateur maire de Compiègne a retiré le scandaleux amendement qu’il avait déposé pour permettre une déduction fiscale exceptionnelle des pertes boursières de 2008. Comment un homme a priori sensé peut il imaginer des propositions pareilles ?
Il n’est pas besoin d’être fin politique pour comprendre qu’en temps de montée du chômage, une telle proposition est un chiffon rouge agité devant tous ceux qui trouvent qu’il y a deux poids deux mesures. Les plus fragiles, comme par exemple les intérimaires de l’industrie automobile, n’ont qu’à chercher du travail, mais les pauvres actionnaires qui ont perdu une partie de leur épargne doivent de toute urgence être secouru. Le sénateur a fait Sciences Po et l’ENA : apparemment, il n’y a guère acquis les notions de base de ce qu’on peut faire ou ne pas faire en politique !
Deuxième faute, étonnante pour un ancien membre du directoire de la banque Argil, puis de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts, la conception économique du risque boursier. Si l’aide aux banques, aussi colossale qu’elle paraisse, était indispensable pour sauver le système bancaire, base d’un fonctionnement économique moderne, on ne voit vraiment pas pourquoi on devrait aider ceux qui ont perdu de l’argent en Bourse.
Les économistes libéraux les plus fondamentalistes plaidaient en septembre pour le refus d’aider les banques qui ont fait des placements hasardeux, arguant que cette aide est le meilleur moyen pour qu’ils aient envie de recommencer ! Un bon conseiller en placement doit alerter ses clients que les placements en actions sont des placements risqués. S’ils peuvent permettre des gains importants, c’est parce qu’ils peuvent aussi déboucher sur des pertes. Veut on envoyer un message inverse aux épargnants ?
En réalité, si Philippe Marini va à l’encontre de ce qu’il devrait savoir en tant que politique et en tant que banquier, c’est qu’il a fait un choix politique : servir les intérêts d’une partie de la population, au détriment de l’intérêt général qu’il devrait servir en tant qu’élu du peuple. Mais je dois être un idéaliste !
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