Une collègue de ma femme déménage pour suivre son conjoint et cherche donc du travail. A chaque entretien qu’elle passe, on lui demande si elle a des « projets de maternité ». Il est difficile de ne pas imaginer que la réponse est un critère de recrutement !
La trentaine, en couple, pas encore d’enfants : il est vrai que cette jeune femme a le profil statistique d’une personne qui pourrait bien partir en congé maternité dans un futur proche ! Les employeurs qui cherchent une personne pour un poste à responsabilité (c’est le cas ici) n’ont pas envie de se retrouver dans 6 mois ou 2 ans avec un poste non occupée pendant 4 ou 5 mois ! Mais il y a clairement ici un risque de discrimination à l’embauche.
L’équipe à laquelle j’appartiens dans mon entreprise compte environ 25 personnes dont seulement 5 du sexe masculin. 18 femmes entre 24 et 40 ans : il n’est pas étonnant que 4 d‘entre elles soient actuellement enceintes. Les consultants étant plus ou moins interchangeables, cette situation n’est pas vraiment un gros problème pour l’entreprise.
Par contre, nous avons besoin de ces jeunes femmes pour leurs nombreuses qualités professionnelles. Nous venons de mettre fin à la période d’essai d’un jeune homme, comme nous avions déjà du le faire il y a 3 ans avec un autre. Dans les deux cas, des personnes qui n’écoutent pas ce qu’on leur dit car elles pensent ne pas avoir besoin d’apprendre des autres, attitude qu’on retrouve plus souvent chez les garçons. Des jeunes hommes qui veulent en priorité se voir confier les activités les plus valorisantes et qui ont du mal à comprendre qu’il y a dans le travail la nécessité de faire (et de faire bien) des tâches moins drôles ou moins valorisées.
59% des bacheliers sont des bachelières, les femmes sont souvent plus sérieuses que les hommes, les qualités traditionnellement considérées comme féminines (la capacité relationnelle pour commencer) sont nécessaires dans de plus en plus d’emplois : on comprend aussi que les employeurs embauchent de plus en plus de femmes, celles-ci faisant de plus en plus le choix de travailler. Il n’est pas étonnant que le taux d’activité féminine soit en augmentation continue : 59.9% des 25/49 ans en 1975, 72.12% en 1985, 79.5% en 1995 et 82.3% en 2008. Il y a encore un peu de marge : les hommes sont à 94.8%. !
Les jeunes femmes commencent à construire leur carrière une fois leurs études finies. Mais il est vrai que vers 30/35 ans, au moment où elles ont accumulé de l’expérience et qu’elles peuvent légitimement postuler à des postes de responsabilité parfois important, les contraintes de leur horloge biologique les met en position défavorable par rapport aux hommes.
Jusqu’à la transition démographique, la vie d’adulte des femmes était absorbée par les naissances, l’allaitement et l’éducation de leurs nombreux enfants. Aujourd’hui, la baisse radicale de la mortalité infantile permettant de limiter les naissances, la mécanisation d’une partie des tâches domestiques, l’augmentation de l’espérance de vie ont ouvert la voie à une autre vie pour les femmes. Il reste cependant des employeurs pour s’inquiéter de leurs futures maternités…
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