J’avais promis d’exposer sur ce blog mes idées concernant les seniors, dès que je les aurais exposé à des représentants qualifiés du gouvernement. Je m’exécute donc, en chargeant Samuel de communiquer mes idées au Parlement, puisqu’il l’a demandé ! Je commencerai par poser le principe de base, puis j’expliquerai comment se pose le problème avant d’arriver aux propositions concrètes
La question de la gestion des seniors a commencé à être à la mode au début des années 2000 au point que le Conseil Economique et Social se fende d’un rapport, produit par une commission dirigée par Bernard Quintreau. Très vite, la plupart des intervenants ont préféré parler de gestion de tous les âges pour ne pas stigmatiser les seuls seniors. Et beaucoup ont estimé qu’il fallait traiter les seniors comme les autres ;
Je partage ce point de vue. Le problème est qu’en réalité, les seniors ne sont pas traités comme les autres, et que c’est en prenant conscience des différences qu’on pourra y remédier si nécessaire. Le diagnostic est donc essentiel
Ce qui pose problème au gouvernement, c’est le faible taux d’activité des seniors. On constate d’une part que les seniors au chômage trouvent difficilement un travail et d’autre part, que de très nombreux seniors ne rêvent que d’une chose : pouvoir partir en retraite le plus tôt possible.
J’ai déjà exposé longuement ici comment le fait de s’enfermer durablement dans un emploi risque de scléroser les seniors : perdant peu à peu goût à leur travail, ils ne peuvent que lui préférer la retraite !
Effectivement il y a différence de traitement : les plus jeunes bougent régulièrement, ce que ne font pas les seniors. Peut on obliger les seniors à bouger ? Cela parait difficile mais on peut les y inciter et leur en donner les moyens. L’efficacité de telles mesures, couplées à l’affichage d’une volonté de mobilité interne aura sans doute plus d’effet auprès de ceux qui sont dans le même poste depuis une durée limitée que pour les plus anciens dans le poste, encore qu’on puisse avoir des surprises.
Que peut faire sur ce sujet le gouvernement ? Il peut déjà appliquer l’idée en interne, mais il est vrai qu’elle va à l’encontre de tout le système de mobilité et des points afférents.
Pour ce qui concerne les entreprises privées, un dispositif coercitif se transformerait vie en un monstre technocratique.
Alors que faire ?
Le constat aujourd'hui est que les entreprises ont intuitivement compris qu'il faut traiter les seniors comme les autres mais n'arrivent pas à aller plus loin ,faute d'un diagnostic qui mette en évidence les discriminations réelles. Il faut donc les amener à ce diagnostic.
Pour une fois, faire confiance aux acteurs, en l’occurrence d’abord les partenaires sociaux de l’entreprise puis à leur tour les salariés eux-mêmes.
Pour que se réduise la discrimination, il faut que les acteurs en aient conscience. Et pour cela le pouvoir dispose d’un outil : le bilan social.
Je propose donc d’introduire dans le bilan social des éléments pour mesurer le niveau de discrimination : il s’agirait tout simplement de mesurer pour les moins de 45 ans et pour les 45 ans et plus certaines données. Par exemple, le nombre de changements de fonctions dans l’année, de promotion, de recrutements et de sorties, le taux de formation.
Encore faut il que les partenaires sociaux s’en emparent. Notamment pour qu’ils aillent plus loin dans le diagnostic (pourquoi les chiffres trouvés ?) et dans la mise en place de solutions. La loi fait obligation aux entreprises de plus de 300 salariés de présenter le bilan social au CE une fois par an. Depuis peu, elle demande aussi au CE de donner un avis sur l’égalité professionnelle dans l’entreprise. Faisons donc de même à propos de la discrimination sur les seniors et progressivement, à force d’examiner les chiffres, de les comprendre et de prendre des mesures adaptées, les comportements changeront dans les entreprises.
Bien sûr, il faudra du temps pour
qu’il y ait un effet visible, encore plus pour un changement profond :
raison de plus pour commencer tout de suite !
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