Le gouvernement est en train de préparer une mesure dont le développement bureaucratique est inévitable, sous prétexte d’inciter les entreprises a augmenter la part de seniors dans leurs effectifs. La preuve sera faite une fois de plus qu’il ne suffit pas d’avoir des objectifs sensés, une analyse juste, pour faire une politique qui le soit !
Comme je le notais dans un commentaire sur mon billet sur le chômage, je partage une grande partie de l’analyse présentée par Sarkozy concernant la question du travail des seniors.
Par contre, la mesure envisagée, consistant à inciter les entreprises à augmenter l’emploi des seniors ne peut que sombrer dans la bureaucratie. Je cite le texte :
Il
faut que les entreprises s'attaquent sérieusement à la gestion des âges. Alors
nous allons faire quelque chose de très simple : nous allons donner aux
entreprises et aux branches jusqu'à la fin de l'année 2009 pour signer des
accords de gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences. Dans ces
accords, il devra y avoir un engagement chiffré de progression de la part des
seniors dans l'effectif. Les entreprises qui n'auront pas signé ces accords
seront pénalisées dès 2010 par une cotisation retraite additionnelle.
Cela parait logique écrit comme cela, mais en réalité, une telle mesure « de bon sens » (vous savez, ce qui s’apprend au bistrot) va poser des tas de problèmes pratiques , justifiant une circulaire de 15 pages et un système de contrôle ingérable.
Prenons un exemple au hasard : j’étais récemment dans une entreprise dont 30% des salariés vont partir en retraite dans les 7 ans. Cette entreprise pratiquait il y a encore 5 ans des pré retraites systématiques, ce qu’elle a cessé depuis. Pour faire passer la pilule aux plus âgés, elle a prévu dans son accord de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, celui dont parle justement N Sarkozy) un système de temps partiel pour les plus de 55 ans, mesure qu’elle ne compte pas renouveler. Cette entreprise fait donc exactement ce que toutes les entreprises devraient faire pour augmenter le taux d’activité des seniors. Et en plus, elle a développé massivement l’alternance pour embaucher des jeunes.
Or, quoique cette entreprise prévoit dans l’accord GPEC qu’elle négociera en 2009 (dans le cadre de l’obligation triennale prévue par la loi du 18 janvier 2005), il lui est impossible de maintenir le taux élevé de seniors qu’elle a actuellement.
A contrario, j’ai également rencontré une entreprise dont la plus grande partie du personnel a entre 35 et 45 ans : elle va voir automatiquement son taux de seniors augmenter dans les années qui viennent.
Si on veut respecter l’esprit de la loi, il va donc falloir compliquer les textes. Et si on veut prévoir tous les cas, on va devoir anticiper toutes les solutions que les comptables vont imaginer pour la contourner. Tiens par exemple : j’ai un service de R et D dont la moyenne d’âge est très faible. J’en fais une autre entité juridique avec les mêmes actionnaires et automatiquement ma part de seniors augmente !
Un système bureaucratique, évidemment
Cela veut il dire qu’on ne peut rien faire ? Non bien sûr. J’ai des idées que je compte bien soumettre au gouvernement, mais promis, je vous en fait part bientôt !
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