Communiquer à chaque étape du projet et seulement à ces moments là. D’abord à son lancement sur les objectifs, le processus, les acteurs impliqués et le calendrier, en annonçant la prochaine étape et donc la prochaine période de communication. Voilà la méthode adoptée par Christian Blanc, secrétaire d’Etat au développement de la région capitale.
Ceux qui ont lu ma série sur la conduite du changement ne seront pas surpris que je me retrouve pleinement dans la méthode adoptée par l’ancien patron d’Air France. Ceux qui sont habitués à la bagarre incessante de la plupart des politiques pour avoir l’occasion de s’exprimer dans les médias, le seront sans doute un peu plus.
Depuis deux mois que la nouveau gouvernement a été nommé, on entendait différents responsables s’exprimer sur le sujet, pour faire passer leurs idées ou se positionner comme futurs candidats à la présidence de la région. Dans ses quelques articles, la presse hésitaient entre l’explication de l’importance des problèmes à traiter ou la description des jeux de pouvoir de différents acteurs politiques. Mais on n’entendait pas le secrétaire d’Etat lui-même.
Plutôt que de se précipiter pour une première déclaration, puis une deuxième pour la rectifier, puis une troisième pour répondre à tel ou tel, Christian Blanc a pris le temps de faire ce que j’appelle traditionnellement l’étape du projet. Celle qui consiste à l’organiser en précisant les objectifs, la démarche, qui va faire quoi et quand.
Il a donc utilisé ces deux mois
Pour préciser avec le Président de la République les objectifs, à travers une lettre de mission de 3 pages et un décret relatif aux attributions qui lui sont déléguées.
Pour recruter une équipe d’une cinquantaine de personnes autour de Marc VERON, son ancien directeur général chez Air France et de Pierre VELTZ, spécialiste des questions d’organisation et de conduite de changement mais aussi ancien directeur de l’école des ponts et chaussées.
Pour définir les prochaines étapes de sa démarche :
1 Ecoute des acteurs et notamment les élus, les acteurs économiques et les experts,
2 Analyse des travaux existants, notamment ceux de l’APUR et de l’IAURIF
3 Communication en conseil des ministres en fin 2008 d’une stratégie et d’une première esquisse pour 2030,
4 Lancement fin 2008 de deux projets structurants,
5 Lancement de projets complémentaires au printemps 2009
6 Présentation fin 2009 d’un projet global pour l’avenir de la région capitale et proposition d’un mode de gouvernance
Il apparaît clairement dans le court texte lu lors de la conférence de presse, qu’il n’y aura pas de nouvelle communication avant la fin de la phase d’écoute, à mon avis avant la communication au conseil des ministres.
On notera que si la presse a retenu que les deux premiers projets devraient être le plateau de Saclay et la plaine St Denis, l’auteur du rapport sur l’écosystème de la croissance puis du rapport sur le plateau de Saclay, a dit deux projets « tels que ». Il se ménage ainsi la possibilité d’en présenter d’autres si ceux là ne sont pas prêts et mûrs (cad acceptés par les acteurs locaux).
Quelques mots sur le fond
D’abord on notera que le communiqué de presse comme la lettre de mission insistent sur la cohésion sociale de la région et sur les populations qui habitent les zones en grande difficulté.
Ensuite, on retiendra que la question des grands équipements de transport est bien dans la lettre de mission mais que celle-ci ne cite ni celui de métro périphérique (à 8 km de Paris) ni le RER circulaire (à 30 km de Paris) Mais ces idées sont déjà le paysage et sont citées par Le Monde.
Enfin, le Président de la République a fait le lien avec la Consultation internationale pour l’avenir du Paris métropolitain » qu’il a lancée et il demande au secrétaire d’Etat de s’impliquer dans le sujet.
Pour finir, la question de la
gouvernance est mise au service du projet en non comme une question en soi, par
la lettre de mission comme par le communiqué de l’ancien préfet : la
vision doit précéder le projet et le projet doit conduire au choix de
l’organisation et de la gouvernance.
Un projet à très long terme donc, puisqu’il s’agit de préparer 2030, une démarche de projet adaptée, un responsable qui a fait ses preuves sur d’autres dossiers. Affaire à suivre !
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