Il manquait à ma série une proposition concrète et précise
d’une politique de rémunération des professeurs, plus conforme à l’évolution réelle
de leur valeur: la voici donc! Je vais partir d’une solution possible et les
variantes envisageables pour exposer les principaux problèmes à résoudre. Bien
entendu, la réflexion est ici faite sur les professeurs mais pourrait être
semblable pour la plupart des professions
Globalement, il va falloir répondre à 3 questions différentes
mais non indépendantes : quelle évolution pour tenir compte de la progression
des compétences, quelles différences entre individus et quelle politique d’augmentations
générales ?
Pour tenir compte de la progression des compétences entre
un débutant et une personne expérimentée, on peut prévoir par exemple une
progression de l’indice 80 à l’indice 100. Et faire cette progression en
quelques années. Le passage de l’indice 80 à l’indice 100 est il bien représentatif,
excessif ou insuffisant? Difficile à dire évidemment. On notera cependant qu’il
est difficile de prévoir une différence importante alors que la mission confiée
est la même. En ce sens, l’écart actuel entre début et fin de carrière me
semble trop élevé.
En combien d’années organiser cette progression? Il
parait raisonnable de considérer que l’essentiel est acquis au bout de 5 ans,
et qu’il n’y a plus guère de progression au bout de 10 ans. La question se pose
de savoir si le niveau atteint au bout de ces dix années est conservé ensuite
ou s’il faut envisager une baisse de niveau plus tard.
Concrètement, je pourrais prévoir l’évolution de 80 à 100
en 5 augmentations annuelles, soit les étapes 84, 8, 92 et 96 pour arriver à
100
Mais faut il que chacun arrive à 100? Si deux individus
expérimentés sont plus ou moins bons, l’indice maximal atteint pourrait être
différencié, dans une fourchette qui devrait être plus restreinte que l’écart
entre débutant et expérimenté, soit par exemple entre 95 et 105. De la même
manière, la vitesse de progression peut être différenciée : les 5 augmentations
ci-dessus peuvent avoir lieu sur un délai de 5 ans ou de 10 ans.
Que se passe t’il au bout de cette période, une fois
atteint le niveau d’expérience attendu? Normalement, l’agent (ici un professeur
pour ceux qui ont bien suivi) devrait voir son revenu suivre au moins l’évolution
du coût de la vie. On constate aujourd’hui que le prix du point de la fonction
publique évolue moins vite que l’indice des prix. Dit autrement, c’est l’évolution
de carrière à l’ancienneté qui assure la progression ou même le simple maintien
du pouvoir d’achat. L’étude de Gary Bobo l’a bien montré pour les professeurs
entre 1982 et 2004.
Donner en augmentation générale l’évolution du niveau de
vie (au-delà du fait que l’indexation sur les prix est illégale) ne permet pas
de baisser les salaires, ni collectivement bien sûr, ni même individuellement. Or
la baisse de la rémunération peut être
cohérente avec une baisse d’efficacité constatée chez certains en fin de carrière
Une solution serait donc d’avoir des augmentations générales
calculées de manière à laisser une enveloppe disponible, par exemple pour
financer 0.5 % d’augmentation
individuelle par an, celle-ci étant normalement accordée, sauf baisse constatée
de l’efficacité. Ce genre de politique n’est pas facile à manier: elle permet
de continuer à exprimer une reconnaissance au-delà de la période d’apprentissage
initial et de sanctionner ceux qui ne font pas les efforts nécessaires pour « rester
dans le coup ». Mais elle n’a plus d’effet si elle est automatique alors
que ce n’est pas un but en soi d’avoir des personnes qui n’en bénéficient pas.
On notera pour conclure que les différences de rémunération proposées sont assez faibles (en dehors du tout début de carrière), reflétant des différences de compétences et d’efficacité modérées. C’est que dans mon esprit, ceux qui ne font pas l’affaire doivent être sortis du système en début de carrière; Si le cas se présente en cours de carrière (par exemple cas d’un professeur sombrant dans l’alcoolisme) la personne concernée doit être sortie de l’emploi (soit pour être licenciée, soit pour être recyclée ailleurs en fonction des raisons du décrochage). Mais il s’agit là d’exception. Et les vraiment très bons doivent être orientés vers des fonctions où ils pourront utiliser encore mieux leurs compétences (s’ils ne le souhaitent pas, ce qui est possible, la limitation de la rémunération au maximum de leur fonction sera la conséquence de leur choix).
Les observateurs attentifs auront sans doute compris que le système proposé ici correspond à un début de carrière plus élevé qu'aujourd'hui, et une fin plus basse
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