Éric le Boucher nous affirme que la politique sociale libérale du Brésil est en train de mieux réussir que celle d’extrême gauche du Venezuela. Peut être subira t-il une fois de plus les foudres d’Alexandre Delaigue. A défaut, je dois dire qu’il ne me convainc pas, faute de voir que la manne pétrolière n’est pas forcément si favorable à une croissance durable.
Bien sûr, je suis personnellement convaincu que la politique économique de Lula est celle qu’il fallait à son pays. Et que celle de Chavez n’est sans doute pas optimale (et de plus inapplicable dans un pays sans pétrole). Mais il reste que le pétrole abondant, s’il donne des revenus importants aux pays qui en exportent, est probablement un handicap pour les autres activités du pays.
Il se trouve que, le week-end dernier, je parlais en famille du cas de l’Algérie. Ce pays qui bénéficie aujourd’hui de larges revenus gaziers et pétroliers, a un taux de chômage très élevé, qui touche notamment les plus jeunes et fait le lit de l’islamisme. Au delà du fait que le pétrole permet de financer la classe dirigeante et la corruption, j’expliquais qu’il limitait le nombre de secteurs ayant un avantage comparatif sur le marché. Je vais ici reprendre mon raisonnement.
Imaginons un pays 4 fois moins efficace et 4 fois moins riche que ses voisins. Par rapport à un indice moyen 100 sur le marché extérieur, son efficacité moyenne sera de 25. Mais cette moyenne suppose que certains secteurs sont à 20 ou 22 et d’autres à 28 ou 30. Ces derniers supportent (ou bénéficient) des salaires et un taux de change correspondant à l’efficacité moyenne du pays, soit 25. Ils sont de fait compétitifs sur le marché mondial, au contraire de ceux qui sont à une efficacité de 22 ou 20.
Imaginons maintenant que ce pays possède une manne pétrolière. Celle-ci va le faire non plus 4 fois moins riche que ses voisins, mais 2 ou 3 fois seulement. Les conditions de taux de change et de salaires dont bénéficient ses entreprises correspondent à cette richesse. Seuls les secteurs ayant une efficacité de 33 ou 50 suivant le cas seront compétitifs. Si la moyenne est à 25, il y en aura très peu. Donc ce pays aura du mal à se développer.
J’ai lu quelque part que des études avaient montré que le pétrole ou le gaz avaient défavorisé la croissance des pays qui en avaient, comme l’Angleterre ou les Pays Bas. La Norvège fait exception car elle a eu la sagesse de mettre de coté les richesses produites par le pétrole.
Si on revient au Venezuela, on remarque d’après Éric le Boucher que les exportations de brut représentent 36% du PIB (65 milliards de dollar sur 182). On imagine l’impact défavorable que cela entraîne pour le développement de tous les autres secteurs. Ce qui ne veut pas dire qu’il est impossible d’agir, mais que c’est difficile. Et à vrai dire, je ne pense pas que Chavez ait adopté la politique adéquate à long terme. C’est d’ailleurs ma dernière remarque et celle ou je rejoint Le Boucher : Lula a travaillé à long terme et cela paie aujourd’hui. Puissions nous un jour avoir des gouvernements qui en fassent autant en France !
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