Nicolas Sarkozy serait prêt, par concession pour ses alliés du Nouveau Centre, a inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution. Prudemment, il prévoit cependant que cette nouvelle règle ne sera applicable qu’à partir de 2012. Les déficits français ont donc sans doute de beaux jours devant eux. Pourtant, ils pèsent régulièrement sur notre croissance.
Jean Pisani Ferry expliquait il y a quelques semaines les inconvénients de nos mauvaises habitudes françaises : le niveau de nos déficits est tel aujourd’hui que nous n’avons pas de marge de manœuvre pour relancer une croissance menacée par la crise des subprimes, la baisse du dollar et la hausse du pétrole. Il notait que nous sommes dans la même situation qu’en 1992 et en 2001 : nous n’avons pas profité de la période de croissance précédente pour réduire nos déficits.
A l’inverse, la plupart de nos voisins ont mieux géré leurs finances publiques, au point que sur les 15 pays de la zone euro, 4 sont en excédents budgétaires et 6 proches de l’équilibre. « Seuls le Portugal et la Grèce sont dans une situation similaire à la nôtre, même l'Italie fait mieux. »
Le résultat de notre politique de gribouille est que, sur la critère de la dette (donc le cumul des déficits), notre position s’est largement dégradée : il y a 15 ans, seul le Luxembourg était plus sage que nous, depuis nous avons été dépassés par une bonne dizaine de pays.
Dans le même temps, nous continuons à entendre des voix prétendre qu’il manque à l’Europe une politique économique commune pour favoriser la croissance et la création d’emploi. La réalité est que cette politique existe, mais que nous ne voulons pas l’appliquer. Et que nous en payons le prix en terme de croissance ;
La politique définie à Maastricht est simple pourtant
D’abord viser les taux d’intérêt à long terme les plus bas possibles, pour favoriser les investissements. On se demande pourquoi tant de gens qui n’ont que le mot développement durable à la bouche refusent de comprendre cela.
L’atteinte de cet objectif passe par la lutte contre l’inflation : c’est d’abord le rôle de la BCE. Mais la limitation des déficits budgétaires y participe aussi.
Le deuxième versant de la politique commune consiste en effet à se donner les moyens de ne pas faire de politique budgétaire restrictive en période de récession, à défaut d’une relance keynésienne. Rappelons que le principe keynésien consiste à relancer la croissance, quand celle ci faiblit, par une augmentation des dépenses de l’Etat. En période de croissance, les excédents budgétaires permettent de ralentir la machine économique pour éviter de trébucher sur des goulots d’étranglement et prolonger la période de croissance. En période de récession, il s’agirait d’augmenter les dépenses et d’accepter un déficit provisoire pour diminuer la période de récession. En raison du poids de l'Etat dans l'économie et de l'impact de la conjoncture sur les recettes, il est déjà important de pouvoir accepter le déficit lié à la baisse des recettes.
Le troisième versant de la politique commune consiste à favoriser une offre de haute valeur ajoutée par la recherche et le développement. C’est la politique dite de Lisbonne qui semble aujourd’hui avoir les faveurs de la gauche comme de la droite : il est donc possible que la France l’applique un jour !
L’Allemagne a connu une croissance de 1.5% sur le seul premier trimestre 2008. La preuve que des budgets équilibrés ne sont pas un obstacle à une croissance forte.
A quand notre tour ?
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