Et largement en plus ! C’est ce que m’affirme Guillaume, de retour de New York mais trop pris pour m’écrire une suite aux deux articles qu’il avait consacré à l’élection américaine. Inventaires des arguments.
Rappelons tout d’abord que les sondages donnent Mac Cain et Obama à peu près à égalité, mais que bien sûr, les médias ont intérêt à donner à penser qu’il y a du suspense. Et qu’en plus ils sont dans leur large majorité pro républicains.
Mac Cain a contre lui trois handicaps importants : l’Irak, la situation économique et son âge/ état de santé.
L’Irak. Mac Cain s’est prononcé non seulement contre tout retrait anticipé de ce pays, mais également pour le renforcement de la présence américaine (en particulier dans la zone de Bagdad), dont il a affirmé qu’elle permettrait de diminuer les pertes en GI. Or sur ces deux points, il va à l’encontre de l’opinion publique de son pays, qui est maintenant largement contre la guerre. Il se trouve que les pertes en vie humaine ont d’abord été divisé par deux. La politique consistant à acheter certaines tribus sunnites pour qu’elles aident le pouvoir en place y est pour beaucoup. On ne sait combien de temps cela fonctionnera. Toujours est il que la courbe des pertes n’a fait que remonter depuis et qu’il va bien un jour se dire que la situation ne s’est pas améliorée, elle a plutôt empiré. Ce jour là, la côte de popularité de Mac Cain va baisser nettement.
L’économie. La crise des subprimes est en train de se transformer en récession. Le Monde de ce soir explique que celle-ci n’est pas encore prononcée et que certains reprennent même espoir. Mais il note aussi que depuis 4 mois, l’emploi baisse. Comme dans tous les pays démocratiques du monde, le pouvoir en place est fragilisé par de mauvais résultats économiques. La côte de popularité du Président Georges Bush est passée en dessous des plus mauvais scores de ses prédécesseurs. L’ensemble des républicains va en pâtir lors des prochaines élections, trop proches maintenant pour que la situation se redresse d’ici là.
Son âge. Mac Cain n’a « que » 72 ans. Il ballade partout sa vieille mère qui en a près de 100, histoire de montrer que dans la famille on tient le coup. Mais il a passé 5 ans dans les geôles du Viêt-Cong, torturé tous les jours, il a eu un cancer, et son corps en a bien sûr gardé des traces. Il fatigue assez rapidement, dans une campagne qui est épuisante, et face à un adversaire qui a 28 ans de moins.
On pourrait aussi ajouter ce que Guillaume expliquait il y a 6 mois, l’essoufflement d’une alliance entre les riches et les religieux.
Du coté Démocrate, Barack Obama bénéficie d’une réelle dynamique que les sondages sous estiment largement, mais que le résultat des primaires confirme, Etat après Etat. Aux USA, le taux de participation aux élections est faible, inférieur à 50%. Pour gagner, il est donc plus important de mobiliser son camp que de prendre des voix à l’adversaire : si 50% des Républicains et 70% des Démocrates votent, les 3% de Démocrates qui votent Républicains ne comptent pas. Or, les élections primaires ont attiré beaucoup, beaucoup plus d’électeurs démocrates que d’habitude. A cette occasion, les militants ont poussé les sympathisants à s’inscrire sur les listes électorales et à voter en masse.
La jeunesse du candidat est aussi un avantage pour une raison que les Français n’imaginent pas : les médias sont habitués là bas à aller chercher tout ce qui a été dit et fait par le candidat pour relever les erreurs et les incohérences. Plus le candidat est ancien en politique, plus il risque ce genre d’incohérence. Qu’on imagine ici ce que donnerait l’exercice appliqué à Chirac par exemple !
Guillaume rajoute à ce sujet que si le couple Clinton n’a pas réussi à trouver un moyen de « tuer » Obama, les Républicains auront aussi du mal.
Autre atout du candidat démocrate : il a su proposer de dépasser le clivage noir / blanc, ce qui explique entre autres sa forte popularité chez les jeunes.
Mais alors, qu’est ce qui pourrait malgré tout empêcher les USA de se doter pour la première fois d’un président noir ?
D’abord un lourd attentat terroriste qui pousserait l’Amérique à se souder dans un réflexe nationaliste, et profitant à l’ancien héros de guerre qu’est Mac Cain.
On ne peut non plus exclure un réflexe raciste d’une partie de la population.
Et il reste évidemment toujours le risque d’une énorme bourde du candidat, ou la révélation d’un scandale ancien.
A noter que le ralliement à Obama du sénateur Edwards juste après la victoire d’Hillary Clinton en Virginie Occidentale confirme l’avance du sénateur de l’Illinois pour l’investiture démocrate.
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