Jeudi Saint Vendredi Saint Pâques un peu plus tard la Pentecôte. Ces mots ne représentent plus rien pour un nombre important de français. Et pourtant, ils racontent une histoire qui se pense comme l’aboutissement de la recherche de tout un peuple pour comprendre qui est Dieu et ce qu’il nous propose
L’homme a-t-il été créé par Dieu, ou est ce lui qui l’a créé ?
S’il n’y a évidemment pas de réponse scientifique à cette question, comprendre l’histoire de la recherche de Dieu dans un coin du Moyen Orient permet de l’éclairer.
On sait que l’Homo Sapiens et l’Homme de Neandertal ont eu des comportements que l’on peut qualifier de religieux, avec l’enterrement des morts, des inscriptions de types magiques et des rites chamanistes. Pourquoi cette première intuition qu’il y a quelque chose d’autre, des forces mystérieuses qu’il faut apprivoiser, mais aussi une réalité qui va plus loin que la vie que nous connaissons ?
On pense que, au néolithique (ou peut être avant), les hommes ont pris l’habitude, pour conjurer leurs peurs ou « forcer » le destin, de nommer (ce qui est une manière de prendre un pouvoir sur) tel ou tel élément de la nature sous la forme d’une divinité, mais aussi de faire des actions de type » magique » pour s’assurer la bienveillance de telle ou telle divinité.
Suivant les cas, il s’agira d’essayer de prévoir l’avenir ou de demander à telle divinité ce qu’elle souhaite (divination), de faire des sacrifices (d’animaux ou même d’humains,) pour plaire aux dieux, ou de faire une danse de la pluie, dans tous les cas d’influencer ces forces qui peuvent être maléfiques ou bénéfiques.
Bien entendu, ceux qui ont un rapport avec le sacré, ceux qui peuvent influencer les dieux (les chamans ou les sorciers) acquièrent de fait du pouvoir dans la tribu ou le clan, pouvoir qui concurrence ou s’allie à celui du chef
Quand commence l’histoire du peuple juif, au plus tard 1200 ans avant Jésus Christ , ce sont les mêmes qui détiennent le pouvoir temporel et le pouvoir religieux, à l’image du pharaon qui est en même temps divin. Gare donc à ceux qui se révolteraient contre leur seigneur puisqu’ils se révolteraient aussi contre les dieux.
Dans ce qui sera plus tard la Palestine, les principaux dieux sont féminin (la déesse terre, mère et nourricière) et masculin, (le ciel qui fait la pluie). Pour assurer de bonnes récoltes, (ou de l’herbe pour les troupeaux) il faut qu’il pleuve suffisamment, donc que le dieu pluie féconde la déesse mère nourricière. Pour être sûr que les dieux fassent ce dont on a besoin, on va leur montrer l’exemple, avec des rites de fécondités dont les prêtresses sont des prostituées sacrées, qui se tiennent près de l’arbre de vie (c’est de là que viendra le récit de la tentation d’Adam et Eve).
Pourtant, un jour un groupe se révolte contre son seigneur. La réponse ne se fait pas attendre, celui-ci envoie son armée, avec des chars, équipés de lames autour des essieux, avec des hommes puissamment armés et protégés par des cuirasses. Avec leurs massues ou leurs poignards, même plus nombreux que les soldats, dans la plaine où ils sont poursuivis, les révoltés n’ont pas l’ombre d’une chance. C’est alors que brutalement, comme cela arrive parfois dans ces régions, un orage puissant éclate. La pluie très abondante, submerge tout et rend très vite le sol extrêmement boueux. Les chars s’enlisent, les soldats trop lourds perdent la liberté de leurs mouvements et se font massacrer par les révoltés plus légers (la cavalerie Française connaîtra au 13ème siècle un épisode semblable face à des soldats flamands qui ont creusé des tranchées : ce sera la journée dite des éperons d’or). Au soir de la bataille, les vainqueurs constatent stupéfaits que l’orage, symbole s’il en est du dieu du ciel, a fortement contribué à la défaite de ceux qui étaient pourtant sensés être de son coté.
D’abord, que c’est leur Dieu, le Dieu des pères, qui les a fait gagner. Il est donc plus fort que le Dieu des autres.
Surtout, ils vont comprendre qu’on ne peut pas être avec Dieu si on est dans une logique où l’on veut avoir prise sur lui, si on veut l’obliger à rentrer dans nos schémas. Ils vont comprendre que leur Dieu ne veut pas ce genre de relation, mais est prêt à faire Alliance avec lui, dans une autre logique. On ne pourra pas le nommer (nommer c’est prendre possession), ni même écrire son nom en entier. Il est Yahvé (je suis celui qui suis) qu’on ne peut connaître que par ses manifestations, dont on ne doit pas faire d’image (faire une image, c’est aussi prendre possession). Il fait alliance avec nous et nous transmet ses commandements, il nous parle par ses prophètes, des gens « inspirés ».
Alors, les deux peuples vont s’unir à l’assemblée de Sichem, mélanger leurs arbres généalogiques et leurs traditions, Yahviste et élohiste. Et ils vont transmettre à leurs descendants cette découverte d’un Dieu, dont ils diront d’abord qu’ils est plus grand que les dieux des autres peuples puis plus tard qu’il est le seul Dieu, un Dieu qui ne peut faire Alliance avec nous que si on accepte de le rechercher, d’être à son écoute à travers ses prophètes, mais qui est présent dans notre histoire.
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